Gustave Reichert
Mars
Gustave Reichert (g), Luca Fattorini (b), Pierre-Alain Tocanier (dm) + Matt Chalk (as, kb), Simon Moullier (vib).
Label / Distribution : Jazz Family
On connaît finalement assez peu Gustave Reichert qui, bien que guitariste, nourrit une passion pour quelques-uns des grands soufflants de l’histoire du jazz comme John Coltrane, Ornette Coleman, Wayne Shorter, Joe Henderson ou Walter Smith, en même temps qu’il aime l’énergie plus brute du rock. Originaire du sud-ouest, fils de l’actrice Clémentine Célarié, Reichert a suivi le cursus du conservatoire de Bordeaux avant d’aller s’aguerrir à Londres pour revenir ensuite enrichir sa formation au Centre des Musiques Didier Lockwood (le violoniste fera d’ailleurs appel à lui pour différents concerts).
Guitariste discret oui, mais aussi compositeur inspiré, qui a publié un premier album en 2018, dont le titre Take Off, était à l’évidence annonciateur d’une suite puisqu’il se définissait comme un décollage. C’est chose faite désormais puisqu’on sait la destination du voyage : Mars. Ce deuxième disque, publié comme son prédécesseur sur le label Jazz Family, est une belle occasion de découvrir un univers aux accents souvent spatiaux (tout cela est logique après tout) mis en couleurs aériennes par la contrebasse de Luca Fattorini et la batterie de Pierre-Alain Tocanier. Le trio bénéficie en outre du renfort de deux invités essentiels dans la définition des textures de l’ensemble : Matt Chalk au saxophone et aux claviers, ainsi que le plus new-yorkais des vibraphonistes français, Simon Moullier.
Le répertoire (des compositions originales à l’exception d’une reprise d’Ornette Coleman, « When Will The Blues Leave ? ») met en évidence la fluidité du jeu de Gustave Reichert et sa forte sensibilité mélodique (l’écriture des thèmes fait l’objet d’un soin attentif), où l’on discernera çà et là quelques influences majeures (Pat Metheny bien sûr, mais aussi Kurt Rosenwinkel) que nul ne saura lui reprocher, bien au contraire. Reichert, qui se fait parfois chanteur, aime à rappeler aussi ses amours cinématographiques et la force de suggestion d’une musique associée étroitement à l’image. Celles-ci sont nombreuses et multicolores tout au long d’un voyage qui s’avère extrêmement séduisant. On souhaite à Gustave Reichert de nouvelles destinations.