Chronique

Harold Lopez-Nussa

Te lo dije

Harold López-Nussa (p, elp, voc), Mayquel González (tp, voc), Julio César González (b, voc), Ruy Adrián López-Nussa (dm, perc, voc)

Label / Distribution : Mack Avenue Records

Le pianiste cubain Harold López-Nussa, francophile assumé, chéri des publics européens, s’empare des musiques les plus actuelles de son île caraïbe pour un album lorgnant vers le succès populaire. Les musiciens convoqués ici font partie de la familia, fût-elle élargie au gringo de passage, Vincent Peirani, qui fait langoureusement vibrer touches et soufflets de son accordéon sur « The Windmills of your Mind » (thème de Michel Legrand que la jazzosphère américaine se plaît à interpréter depuis un demi-siècle). Le trompettiste, lui, semble le garant du jazz dans le groupe, ce que confirme notamment le dernier titre, « Los Van Van meets New-Orleans », comme si Wynton Marsalis avait abusé d’un bon vieux rhum insulaire. Le bassiste électrique, de son côté, tire le répertoire vers le reggaeton, le songo et le mozambique, ces genres récents apparus depuis une vingtaine d’années aux alentours de La Havane, pour lesquels sont conviées des stars du genre (pas de femmes, hélas).

Des musiques destinées à mettre le feu au c… de celles et ceux qui ne rêvent à rien de mieux qu’à se trémousser du bassin sur les dance-floors planétaires. Et ce n’est pas la moindre des qualités de ce disque que de nous plonger dans un bain de sensualités jouissives. Avec une touche de jazz d’excellence apportée par le pianiste, développant une maestria malicieuse, entre révolte contenue à la Chick Corea (l’un de ses mentors, à qui il rend hommage sur « Timbeando », avec un solo flamboyant au Fender Rhodes) et délicatesse façon Herbie Hancock (dès le premier thème, « Habana sin Sábanas »). Conviant savant et populaire, Harold López-Nussa livre ici un répertoire tropical d’une tendre intransigeance dansante à souhait.