Chronique

Joachim Govin

Tree

Joachim Govin (cb), Ludovic Ernault (as), Simon Bernier (d)

Label / Distribution : Fresh Sound Records

Joachim Govin serait-il le plus new-yorkais des musiciens français ? Au gré d’une discographie qui, mine de rien et sans tape-à-l’œil aucun, s’enrichit à un rythme régulier, le contrebassiste s’inscrit en effet dans une esthétique tout droit issue d’une grande tradition américaine. C’était déjà le cas avec ses deux premiers albums – Elements (2015) et Present (2020) – où il reprenait quelques thèmes d’illustres musiciens américains qu’il déclinait à la manière des grands. C’est également dans ce registre que s’inscrit Tree, au point qu’on y perçoit une ambiance « club » quand bien même il ne s’agit pas d’un live. Signe de cette « américanité », on notera que l’album débute avec « Everything I Love » de Cole Porter et se clôt avec « Airegin » de Sonny Rollins et qu’entre ces deux morceaux, on rencontre Thelonius Monk ou encore Lester Young.

Alors que, jusqu’à présent, il s’était adjoint un piano en plus d’un sax et d’une batterie, voici que pour ce dernier-né, il œuvre en trio sans instrument harmonique. À l’écoute de ce disque, on a envie de dire que la configuration sax alto, contrebasse, batterie lui fait préciser les choses. On lit entre les lignes la musique de Lee Konitz et le formidable jeu de Ludovic Ernault sur ce disque fait penser à celui de Ben van Gelder qui émargeait sur les précédents. Mais, mieux encore, on dira que le trio envoie ces treize morceaux avec un sens de la phrase et de la ponctuation, autant qu’une capacité à l’expressivité. Bref, Joachim Govin a réuni ici une formation au style bien trempé et ces trois-là en font un très bel usage.