Chronique

Knobil

Knobisous

Louise Knobil (b, voc), Chloé Marsigny (cl, bcl, fx), Vincent Andreae (dm).

Label / Distribution : Unit Records

Entre jazz très contemporain et chanson faussement ingénue, le trio de Louise Knobil aura été, dans de nombreux festivals, l’une des découvertes de l’été. Avec une légèreté et une fluidité de jeu qui n’est pas sans rappeler Hélène Labarrière avec Violaine Schwartz, la contrebassiste française installée à Lausanne avait déjà attiré l’oreille avec Or Not Knobil, un premier EP qui montrait que la jeune musicienne aimait évoluer dans un univers très coloré et joyeux, avec une voix loin d’être un complément de la contrebasse ; on le constatera ici avec « Comètes », où la simplicité de la mélodie n’empêche pas les prises de risques et rappelle le travail de Kiki Harju dans le Kama Kollektiv. Sur ce morceau, le jeune guitariste Louis Matute, pépite suisse à surveiller, offre une dimension supplémentaire au trio, bien encadrée par la batterie de Vincent Andreae.

C’est clairement la relation de la contrebassiste avec la clarinettiste Chloé Marsigny qui est la raison d’être de ce trio, ce qui permet aux histoires racontées par Louise de se scénariser, d’aller voir du côté du cinéma ou de la bande dessinée, de quelque chose de très mis en scène (« Lessives »), avec une pointe d’humour désabusé qui fonde une identité. Le trio défend une ligne claire proche de la chanson qui aura pu être une voie utilisée par les helvètes d’Orioxy, avec une volonté de davantage s’incarner dans un réel détaché et volontiers dérisoire ; une certaine idée de la poésie.

Mis en exergue, le morceau « Lampadaire » est certainement le meilleur exemple de la relation forte entre Knobil et Marsigny, et le plus abouti. On prendra connaissance du clip, qui dévoile une facette de l’univers du trio, mais au-delà du décorum, le schéma très efficace du titre doit beaucoup à la fluidité de la contrebasse et à la raucité d’une clarinette basse volontiers percluse d’effets. On perçoit derrière ce second EP une volonté farouche d’aller au bout de ses idées et de défendre une approche de la chanson et du jazz qui ne sombre ni dans la facilité ni dans le clinquant. Un univers maturé qui ne demande qu’à s’affirmer.