Chronique

Knobil

Knobilive in Cully Jazz

Louise Knobil (b, voc), Chloé Marsigny (cl, bcl, fx), Vincent Andreae (d)

Label / Distribution : Unit Records

Phénomène repéré dans les festivals européens ces derniers mois, la jeune Suisse Louise Knobil incarne tout ce que la nouvelle vague des musiciens de jazz doit être pour partager sa musique et son envie : présence sur les réseaux, réalisation et diffusion de clips… C’est en tout cas ce qui nous a permis de découvrir l’univers sucré-salé de la contrebassiste et de son trio qui réunit la clarinettiste basse Chloé Marsigny et la batterie de Vincent Andreae, et ses chansons faussement naïves qui racontent finalement beaucoup de choses très intimes, à l’image des couches d’un oignon ; cet oignon qui constituait la pochette de son plus récent EP, Knobisous. Il y a du Albert Marcœur dans cette façon d’aborder la chanson, outil rêveur qui permet de divaguer sur l’électronique de Marsigny. Il n’y a guère que lui, et Louise désormais, capables de licence poétique sur un pot de pesto [1].

Car c’est bien une gageure que ce trio atypique avec trois instruments consacrés à la rythmique ; cela demande une grande musicalité qui est d’abord l’apanage de la clarinettiste, absolument remarquable. Son échappée belle sur « À moi » en est le parfait exemple, avec l’impression que la clarinette basse sonde un imaginaire fertile, le portant à ébullition parfois lorsque la batterie d’Andreae le rejoint. Une batterie sobre mais efficace, véritable trait d’union avec une contrebasse elle aussi très mélodiste, qui aime trancher avec un chant gentiment naïf mais en vérité assez complexe, prétexte à faire parler les instruments (« LEA ») tout en gardant un côté très Do It Yourself aux ascendances punk.

On pourrait considérer Knobil (c’est le nom du trio) comme un objet sonore non identifié aux couleurs passagères, bulle de savon vouée à éclater avec des moirés arc-en-ciel. Mais en vérité, le trio représente une tendance plus qu’émergente dans nos musiques européennes qui s’incarne chez Laura Schuller/Kate Birch, ou plus sûrement chez les Finlandais du Kama Kollektiv, Kirsi-Marja Harju partageant beaucoup de similitudes avec l’univers de Louise Knobil. Enregistré en live au Cully Jazz Festival, le Knobilive est un premier témoignage consistant du trio après plusieurs EP, qui plus est sur scène, son biotope naturel, bien capté par la RTS. Paru sur le label Unit qui accueillait, il y a quelques années Orioxy. Ce n’est sans doute pas un hasard.

par Franpi Barriaux // Publié le 26 octobre 2025
P.-S. :

[1Le mélange avec le jus d’abricot est néanmoins déconseillé…