Chronique

L’Autre Big Band

Joy

Label / Distribution : Autoproduction

« C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures ». C’est ainsi qu’on pourrait de prime abord envisager Joy de L’Autre Big Band, une grosse formation de dix-huit musiciens, récemment arrivée sur la scène jazz. Effectivement, la formation que mènent conjointement David Pautric, Étienne Manchon et Malo Évrard s’inscrit dans la prestigieuse tradition des grands orchestres de jazz. On pourrait tirer un certain nombre de fils qui nous mèneraient jusqu’à Duke Ellington, pour ne citer que lui. La succession des solos une fois le thème posé, la puissance orchestrale, la configuration instrumentale… tout ça y contribue. Rien donc de nouveau sous les cieux jazzistiques, pourrait-on dire. Mais à quoi bon innover ? Car quand la musique est bonne, éclatante, qu’elle swingue et qu’on se surprend à dodeliner de la tête, à claquer des doigts et qu’on lâcherait presque un « Yeah ! » dans son salon quand se terminent bon nombre de morceaux, on se dit qu’il y a là quelque chose de très réussi.

Reste qu’un certain nombre de morceaux sont carrément modernes. Ainsi en va-t-il de « Spring Lights » dont les sons plus électriques font même penser à Initiative H, un autre grand orchestre toulousain. On notera d’ailleurs que quelques musiciens font partie de l’un et l’autre : Florent Hortal, Cyril Latour ou encore Étienne Manchon. Et puis quand on s’attarde sur cet album – et cette belle musique s’écoute en boucle – on se rend compte que l’orchestre va et vient entre la tradition et la modernité. De là à faire taire la querelle des Anciens et des Modernes, il n’y a qu’un pas qu’on franchira très volontiers avec Joy.

On notera enfin la présence sur deux morceaux de Géraldine Laurent. Celui qui a vu l’orchestre sur scène sans cette prestigieuse invitée se dit que sa présence n’est pas indispensable. Et c’est vrai, les musiciens qui constituent le noyau du groupe suffisent à cette musique. Il n’en reste pas moins que les solos que la saxophoniste déroule sur « Blues Tèh » et « Dola’s Dream » sont éclatants et qu’ils régalent le fan de jazz qui savoure l’album.

par Gilles Gaujarengues // Publié le 16 avril 2023
P.-S. :

Guillaume Horgue (tp), Simon Barrière (tp), Cyril Latour (tp), Adrien Dumont (tp), Guillaume Ceretto (tb), Sasha Lourties (tb), Igor Ławrynowicz (tb), Olivier Lachurie (btb), Bastien Maury (as, ss), Mathis Polack (as, sopranino s), David Pautric (ts), Alexandre Galinié (ts), Félix Robin (vib), Rémy Gouffault (vib), Florent Hortal (g), Etienne Manchon (p, clav), George Storey (cb), Malo Evrard (d), Géraldine Laurent (as on tracks 3, 5)