Le jazz a sa tribune depuis 2001

Edition du 13 décembre 2024 // Citizenjazz.com / ISSN 2102-5487

Les dépêches

La Belle ouïe en tournée…

LA BELLE OUÏE
Une association d’artistes, regroupés autour d’un orphéon dada de poche :
La Campagnie des musiques à ouïr
utopie, imaginaires partagés, rencontres baroques et obliques

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  • Du 16 au 23 avril
    Tournée à la Réunion
    La Campagnie des musiques à ouïr

16 -18 : interventions scolaires et master class par les musiciens rouennais
19 concert ? (non communiqué)
20 avec les scolaires au Séchoir
21 concert concert/rencontre de la Campagnie et Nathalie Natiembe [1]

Batterie, percussions, trombone, objets divers Denis Charolles
Saxophone baryton Frédéric Gastard
Saxophone et clarinette basse Alexandre Authelain

Le Séchoir
209, rue Général Lambert
97436 Saint-Leu
La Réunion

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  • Du 26 au 29 avril
    A l’Europa Jazz Festival - Le Mans
    Melosolex Départemental Tour
  • 26 jeudi - 21h00 Eglise Beaumont Pied de Boeuf (72)
  • 27 vendredi - Université du Maine
  • 27 vendredi - 20h30 Théâtre Alençon (61)
  • 28 samedi - 20h30 Palais des Congrès Le Mans
  • 29 dimanche - ADSEAA Le Mans (72)

[1« Nathalie Natiembé : Si vous l’avez croisée, sur son île de la Réunion ou lors de l’une de ses escapades scéniques en Europe, vous en êtes certainement restés marqués : Nathalie Natiembé est un phénomène. Un personnage, de la trempe dont on façonne les histoires plus tard racontées de génération en génération. Le temps dira si cette chanteuse d’un maloya tourné vers le futur rejoint le firmament des étoiles de l’île, celles l’ayant inspirée et guidée au fil de sa vie, tel un Alain Peters, ce génial chanteur réunionnais que la métropole aura oublié bien trop longtemps. N’attendons pas autant pour se pencher sur le cas Natiembé.

C’est à quarante ans, en 1997, qu’elle passe officiellement derrière un micro, commence à prendre les scènes d’assaut. Son charisme naturel, étonnant, détonnant, fera le reste ; le public est conquis par son unique énergie, sa poésie mixant intimes inspirations et aspirations actuelles aux « zistoir son péi ». A capella, parfois juste accompagnée de son triangle, instrument symbole, elle apprend sur les petites scènes et les traditionnels kabars à capter une audience et à ne plus la lâcher. Ecoutez « Ex Voto » pour en juger : Natiembé n’a pas besoin d’artifices pour passionner. C’est ainsi qu’elle débute chacun de ses shows, encore aujourd’hui. Juste sa voix. Griotte, se jouant du créole comme du français : refus des clivages.

Nathalie a toujours chanté, dès ses balades enfantines dans les rues de Saint-Denis. Mère de famille nombreuse, elle se lance dans l’écriture en 1998, se met à tailler en orfèvre la langue créole, inspirée par les grands anciens comme le suscité Alain Peters, évidemment, à qui elle rend hommage à travers « Maloya pil-plate », ainsi nommé rapport aux petites flasques de rhum si ravageuses que l’on parle aujourd’hui à la Réunion d’en interdire la vente… Ce titre fort, emblématique, fut écrit façon gonzo : Nathalie s’est plongée pleinement dans la vie d’errance et d’alcoolisme que menait Peters, pendant quelques mois.

Dans sa famille, la musique prime. Son père était « moringuèr » et danseur de claquettes, les trois frères musiciens, et sa grand-mère malgache déjà chantait le maloya, organisait des kabars. Natiembé se nourrit d’influences multiples, de sons métissés ; baigne dans le jazz, les chansons de Piaf et Trenet, le reggae – et beaucoup de rock. L’âme d’une rockeuse imprègne son maloya, ce blues local longtemps interdit par les autorités rétives aux chants de combat. Car Nathalie Natiembé a écumé les festivals rock en métropole dans sa jeunesse, un genre qu’elle chanta aussi au sein d’un groupe à tentation métal… Elle en a gardé l’attitude « joplinienne », de cette contre-culture seventies qui la façonne, celle des Zappa, Led Zep et Pink Floyd.

En 2001, après la sortie de son premier album Margoz (Discorama), du nom d’un légume local, elle file en tournée au Mozambique. Choc. Au cœur de l’Afrique elle retrouve ses racines enfouies, à Catembé, à Maputo, où elle croise d’autres Natiembé, homonymes surgis du passé lontan. Des N’Tiembé, plutôt, le A étant venu ensuite ; ce qui signifie « être bien ». C’est « Zanamatopé » ouvrant son second opus qui parle le mieux de cette rencontre. Juste sa voix flirtant avec un roulèr, le tambour ancestral, pour rythmer les mots. La même année, artiste désormais reconnue, elle est estampillée « Découvertes » au Printemps de Bourges.

Sanker est son deuxième album, enregistré avec des musiciens réunionnais bien sûr, mais venus aussi des îles voisines. Le casting ressemble à un best of des musiciens les plus influents du moment dans l’Océan Indien : Lélou Menwar le mauricien pose sa patte noire, et Régis Gizavo le malgache son accordéon. Sami Pageaux, fils de l’emblématique Danyel Waro, et Jean Amémoutou, petit-fils de Maxime Laope, sont les fidèles percussionnistes présents tout au long des plages du disque comme en tournée ; jeunes musiciens prometteurs, et descendants directs de deux des plus grandes figures réunionnaises. Et Yann Costa, échappé un temps de Zong, est le metteur en sons audacieux de ce projet enregistré en 2005 sur l’île et sorti sur le réputé label Marabi. Natiembé y chante l’Afrique et ses ancêtres sur l’émouvant « Ex Voto », poétise son île en rendant hommage à Cilaos, mais ne ferme pas les yeux sur le monde, évoquant la Palestine avec « Inisiasyon »…

Les yeux ouverts sur la réalité de la vie, partout et ailleurs. Poésie créole finement ciselée, couplée à des sonorités métissées et aventureuses : tel est le mix gagnant proposé par Natiembé, projetant le maloya dans une nouvelle ère. » (© Seb Broquet)