Chronique

La Ligue des Objets

Chambre en sous-sol

Andy Lévêque (as), Sam Brault (g), Marion Josserand (vln), Florian Nastorg (b), Jean-Pierre Vivent (d)

Label / Distribution : Mr Morezon

Avec ce nouveau disque, le collectif toulousain Freddy Morezon continue de surprendre avec ses choix esthétiques lorgnant vers la musique pop mais aussi par son penchant à nous mettre l’eau à la bouche avec ses petits formats. Car sur le papier, Chambre en sous-sol est un EP (Extended Play) de trois morceaux et de moins de 20 minutes. Dans les oreilles, c’est un concentré d’invention et d’imagination.

Ce projet-ci est le fruit mûr et acidulé d’Andy Lévêque. Aussi connu sous le nom de Mister Bishop, il a longtemps arpenté la Ville rose avec son solo d’homme-orchestre. Tout en participant à plusieurs groupes (Mortelle Randonnée, Ech), il fonde la Ligue des Objets avec à la clé un premier disque en 2020. Sur ce nouvel enregistrement, le casting reste le même. Des artistes dont les formations contribuent à la vitalité de la scène locale : Florian Nastorg (No Noise No Reduction, Le Grand Silence), Marion Josserand (Jokari), Sam Brault (Bretch), Jean-Pierre Vivent. Tous flirtent allègrement avec le jazz, la pop ou les musiques improvisées. Réunis ensemble, ils forment un groupe de jazz-pop d’avant-garde, une sorte de trait d’union entre François de Roubaix et la mouvance Rock in Opposition / École de Canterbury. Il en ressort un album fantaisiste et lumineux, une musique aérienne et aérée dopée à la vitamine C. Cette porosité entre les genres lui donne une vigueur dont peu d’enregistrements actuels peuvent se targuer.

Le disque regorge de ces moments où tout s’emballe et où tout semble si léger, si évident. La sensation d’être aspiré, porté par les ritournelles et les envolées collectives s’installe tout au long de l’écoute. Les trois morceaux surprennent par leur trajectoire, sautant aisément du coq à l’âne et assumant les cassures et changements de direction abruptes. Ce mélange de jazz, de pop et de chanson est aussi riche en trouvailles, avec un travail sur les décalages de la voix, les changements de rythme et de timbre. La ligue des objets réussit ainsi à garder son auditeur sur cette ligne de crête si réjouissante. À savoir, combiner le plaisir d’une appropriation immédiate de sa musique à celui de la découverte d’un propos inventif et foisonnant.

par Jean-François Sciabica // Publié le 30 mars 2025
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