
La Nuée
II
Johannes Eimermacher (as), Audrey Lauro, Frans Van Isacker (as), Sylvain Debaisieux (ts), Hanne De Backe (bs), João Lobo (d)
Label / Distribution : Auto Productions
Quintet de saxophone de facture classique auquel s’adjoint le batteur João Lobo, La Nuée est un orchestre mené par le saxophoniste alto Johannes Eimermacher. Basé à Bruxelles comme ses membres, de Sylvain Debaisieux au ténor à Hanne de Backer naturellement au baryton, son approche très sensible et organique semble coller parfaitement à la sonorité de la musique créative de la capitale belge, en témoigne l’engagement d’Audrey Lauro à l’alto aux côtés du compositeur et de Frans van Isacker. « Le souffle », premier morceau de ce second album de l’orchestre, ressemble en effet beaucoup à ce que Lauro peut proposer dans son travail soliste : une étude de l’infiniment petit qui tangente le silence sans rien perdre de sa sensibilité, voire de sa fragilité. Un exercice où le moindre mouvement est musique, qu’on imagine volontiers graphique, même en disque [1]
Avec « La Nuée », Eimermacher s’approche davantage de son but. Il y a d’abord cette notion de collectif, de travail sur la densité qui ne peut se faire qu’à la mesure du sextet. Dans l’approche sonore, on fait vite des analogies avec d’autres compositeurs et d’autres orchestre travaillant le même matériel compositionnel, comme WATT ou bien sur Karl Naegelen, mais il y a dans La Nuée quelque chose de plus agglutinant et de plus chaotique, le rôle de Lobo aux percussions se révélant particulièrement décisif. Dans le même mouvement, l’importance du baryton de Hanne de Backer, cruciale au milieu des altos qui agissent parfois comme un choeur au milieu de lignes brisées, elles aussi terriblement graphiques. La pochette de l’album, des traits à main levé au fusain sur un feuille blanche qui se grise fait presque office de partition, ou du moins d’argument : comme, là aussi, pour les albums solo d’Audrey Lauro, il y a quelque chose d’intrinsèquement plastique dans cette musique qui cherche à s’exprimer au-delà du son, dans une abstraction qui s’incarne avec beaucoup de poésie.