Chronique

Laurent Bardainne & Tigre d’Eau Douce

Eden Beach Club

Laurent Bardainne (ts), Arnaud Roulin (kb), Sylvain Daniel (elb), Vincent Taeger (d), Philippe Gleizes (d), Fabe Beaurel Bambi (perc)

Label / Distribution : Heavenly Sweetness

Sea, sex and sun ?
Allez savoir si un tel mot d’ordre est bien le genre de la maison Laurent Bardainne, chantre du groove flanqué, comme il se doit, de son Tigre d’Eau Douce.
Quoi qu’il en soit, Eden Beach Club se présente à tous points de vue comme un disque de soleil, de sable, de mer et de vagues et le moins qu’on puisse dire est qu’il est plutôt difficile de résister aux appels répétés de son constant balancement. Après Love Is Everywhere (2020) et Hymne au soleil (2022), le saxophoniste revient pour nous convaincre et nous tirer par la manche, histoire de nous embarquer avec lui au cœur d’un pays, plus ou moins imaginaire, qui serait celui de « Luxe, calme et volupté ». Cette fois, il a choisi de poser ses valises du côté d’un club moins rigolard sans doute que celui qu’avaient fréquenté les Bronzés en un temps désormais lointain, mais beaucoup plus hédoniste, voire contemplatif lorsque s’imposent les beautés de la nature. Bardainne et son bondissant félin n’ont pas voyagé seuls, conviant à leur fête quelques voix supplémentaires (celles de Jeanne Added, Lætitia N’Diaye et Pupajim). Plus on est de fous…

C’est donc à un voyage organisé que cette bande nous invite, et cela commence tout naturellement par une forme de douce extase lors de « L’Arrivée » au lever du soleil (un pont est ainsi établi avec l’hommage qui lui était rendu il y a deux ans) et multiplie les activités durant une journée entière (ou plusieurs, allez savoir car ici le temps semble ne plus compter), jusqu’à une folle soirée sans fin, celle d’une « Dance Eternity ». Et la musique, dans tout ça ? Elle est ronde, chaude, chaloupée, portée par une rythmique multiple et particulièrement efficace (la basse de Sylvain Daniel venant se déhancher au cœur de l’arsenal percussif concocté par Vincent Taeger, Philippe Gleizes et Fabe Beaurel Bambi) et constamment épicée par les claviers d’Arnaud Roulin. Avec de tels arguments, le saxophone de Laurent Bardainne peut s’épancher en toute sensualité, sans jamais forcer le trait ni rouler des mécaniques. Et si certaines étapes du périple dessinent parfois des paysages éthérés, force est de reconnaître la permanence d’une pulsation qui fait ondoyer les corps, repoussant temporairement la noirceur du monde pour s’oublier au spectacle d’une nature rêvée (mais existe-t-elle encore vraiment ?), parfois au milieu des rires d’enfants.

On écoutera donc Eden Beach Club comme on siroterait langoureusement un cocktail au bord de la plage, tant il est vrai que si un grand cru classé est par définition inoubliable, une boisson désaltérante peut être source d’apaisement.

par Denis Desassis // Publié le 12 mai 2024
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