Chronique

Le Ggril

Sommes

collectif

Label / Distribution : Circum Disc

Le label lillois Circum Disc continue à jeter des ponts avec nos cousins d’outre-Atlantique qui permettent de découvrir une scène certainement foisonnante quoique assez imperceptible, vu d’ici.

Installé à l’embouchure du Fleuve Saint-Laurent, le collectif Ggril réunit une multitude de musiciens canadiens. Citizenjazz a rendu compte de trois de leurs précédentes productions (chez Circum Disc) qui oscille entre approche libertaire et écriture contemporaine. Le répertoire s’appropriant l’écriture d’Ingrid Laubrock, notamment, était la preuve de ce travail complexe interprété avec une rigueur notable.

Cette fois-ci, c’est à travers pas moins de trois disques que Ggril prolonge l’esthétique en question. En sollicitant plusieurs compositeurs contemporains, la formation donne à entendre l’actualité de la création d’aujourd’hui. Travail sur les timbres bien sûr, mobilité des masses sonores, individualité fondue dans le groupe mais nécessaire à ce groupe : les points communs sont nombreux d’une signature à l’autre.

On note l’apport incontestable de l’accordéon de Robin Servant qui apporte une touche d’épaisseur populaire, ou encore les guitares de Olivier D’Amours et Pascal Landry qui, de leur côté, créent une tension électrique bienvenue. Pour le reste des musiciens - ils sont vingt-deux plus un quatuor - l’interprétation est toujours juste, témoin d’un réel intérêt pour ce genre de configuration large et audacieuse. Chacun et chacune se plie au collectif et ne joue parfois que quelques notes ; prolongeant un tissu musical aéré.

Tout au long de ces trois enregistrements copieux, on croise les signatures de Frédéric Blondy, Robert Marcel Lepage, Caroline Kraabel. Avec un sens du pointillisme, du clapotis sonore, ils nous immergent dans un monde mouvant, nous laissant à distance parfois lorsque la tension et l’attente s’étirent au point de se rompre ; avec une émotion sincère par ailleurs. Les deux pièces « In memoriam Robert Ashley » de Alison Cameron et « Éistpheist » de Martin Arnold jouent du mode mineur avec parcimonie mais une grande justesse.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 27 novembre 2022
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