Scènes

Roberto Negro & Théo Ceccaldi : Europa, Italia e tutti quanti

Montevago de Théo Ceccaldi et Roberto Negro, à Trélazé en avril 2019


Photo Christophe Charpenel.

Quelques jours après la sortie de leur nouveau disque, Roberto Negro et Théo Ceccaldi le défendent sur scène. Dans le cadre de l’Europa Jazz Régional Tour consacré au violoniste, la soirée à Trélazé située en périphérie d’Angers a permis d’assister au deuxième concert de ce répertoire et surtout de prendre conscience de la facilité avec laquelle les deux musiciens emportent le public malgré une musique sans concession.

Roberto Negro, photo Christophe Charpenel

A la sortie les commentaires sont de deux ordres. “C’est pas commun !” et “quels musiciens !” Parfois dans la bouche d’une même personne qui marque ainsi sa surprise pour ce programme vivant et débordant. La sidération de ce public pas toujours habitué à des propositions qui bousculent est le signe que le jazz est encore une musique qui touche vite au cœur.

Il faut dire qu’en la matière, les deux amis ne se sont pas privés pour nous pousser dans nos retranchements. Les titres du disque Montevago, répartis en trois blocs, sont enchaînés sous forme de suite mais c’est l’entame du concert qui donne le coup de poing le plus fort. A partir d’une cellule indéfiniment répétée et qui évoque un Steve Reich sous cocaïne, Roberto Negro et Théo Ceccaldi nous entraînent dans un geste endurant qui fascine autant qu’il hypnotise. Parvenus au climax de la tension, ils lâchent tout et ouvrent la voie à un chaos enthousiasmant qui déchaîne en ce début de set des applaudissements dignes d’un final.

Les sourires sont sur les lèvres, le souffle à retrouver. La salle est acquise et le violoniste et le pianiste s’engagent dans un répertoire qui fait vivre et s’élargir les compositions qui jalonnent le disque. Après Danse de Salon, en 2015, déjà plaisant mais plus référencé, Montevago, du nom de ce palace à Palerme, est plus personnel, plus unique sans doute. Savant équilibre entre percussion et lyrique, il donne à entendre leur folie créatrice, sans œillères toujours et à la virtuosité entêtante.

Le piano est plein de toute son histoire, du classique au jazz et des doigts aux marteaux ; le violon lézarde ou crisse, arpente les gammes, pleure ou rit. Rien d’abstrait pour autant : une petite phrase mélodique vient toujours vous prendre par l’oreille et rend le propos sensible. Les décrochages subtils sollicitent l’attention, déroutent, entraînent et n’ennuient jamais. Les musiciens ont l’âge de leurs audaces et cette jeunesse est communicative.