Chronique

Spinnler - Stiefel

The Heartbeat of a Bird

Lisette Spinnler (voc), Christoph Stiefel (p)

Label / Distribution : Clap your hands

Un duo venu de Suisse et qui a une expérience non négligeable : Lisette Spinnler a étudiée avec Suzanne Abbuehl et a enregistré de nombreux disques réussis. Christoph Stiefel, lui, a été le compagnon de route de nombreux noms connus comme Peter Erskine, Charlie Mariano et bien d’autres sommités du jazz.

Très vite on est conquis : le mariage voix-piano est réussi, il y a de suite une finesse d’improvisation qui révèle cette entente tout au long de cet album. L’art du duo est bien souvent périlleux, peu de duos vous subjuguent d’entrée et, autant dans les compositions personnelles que dans les reprises, c’est un langage charismatique qui vous convainc. Le pianiste dose savamment son toucher et permet à sa partenaire d’explorer des territoires enchanteurs. Par moments ce sont des effluves de duos passés, et non des moindres, qui nous viennent à l’esprit : Jeanne Lee et Ran Blake ou Helen Merrill et Gordon Beck, excusez du peu.

Le traitement réservé aux standards mérite qu’on s’y attarde : nous sommes loin des redites usées jusqu’à la corde. Le duo arrive à trouver de nouvelles ressources comme dans « Blue in Green » et « Body and Soul » où le chant est particulièrement savoureux ; les contours mélodiques témoignent d’une inspiration brillante.

Dans un autre registre vocal, « Lost » s’étire avec langueur, le chant souple imprimant une forme envoûtante. « The Wind I Used To Hear It Swelling », composé par Lisette Spinnler, offre un écrin aux paroles d’Emily Brontë, de même que « Sleep Safe and Warm », composé par le grand pianiste Krzysztof Komeda et qui étonne par le registre initial de la voix semblable à un instrument à vent, le souffle naturel empreint de finesse faisant écho au pianisme expressionniste.

Les nuances admirables ainsi que le superbe timbre de la voix uni à un piano inventif font de The Heartbeat of a Bird un enregistrement équilibré et souverain dans sa modernité. Voilà un duo où règne une complémentarité absolue. Pour ne pas être en reste, la prise son est excellente.