Chronique

Miki Yamanaka

Chance

Miki Yamanaka (p), Tyrone Allen (b), Jimmy Macbride (dm).

Label / Distribution : Cellar Live

Née à Kyoto en 1990, Miki Yamanaka a quitté le Japon pour rejoindre les États-Unis en 2012. À New-York, elle a très vite publié des albums sous son nom avec les plus grands, Spencer Murphy, Lawrence Leathers, Steve Nelson, Bill Stewart. Son disque publié sans batterie avec Mark Turner et le Britannique Orlando le Fleming, Stairway to the Stars en 2021, marque une évolution importante dans son parcours musical. Dans cet album, « Cheryl » de Charlie Parker, « Ask Me Now » de Thelonious Monk et « Eiderdown » de Steve Swallow se parent de nouvelles couleurs sous les doigts de cette pianiste qui a décidément beaucoup à dire.

En 2023, c’est au tour de la la paire rythmique Tyrone Allen et Jimmy Macbride de la rejoindre sur Shades Of Rainbow. Cette association musicale a si bien fonctionné que Miki Yamanaka décide de remettre le couvert avec son dernier né, Chance. « Dark Side, Light Side » de George Cables demeure son morceau fétiche, celui avec lequel elle démarre ses concerts et on comprend pourquoi : la formidable énergie dispensée par le trio n’a qu’un seul but, ne jamais cesser de swinguer. « Trinkle Tinkle » de Thelonious Monk est régulièrement réinterprété par bon nombre de pianistes : ici l’héritage historique s’ancre dans un modernisme qui évite toute redondance. Les harmonies de Miki Yamanaka englobent une floraison de timbres qui se prêtent à bon nombre de combinaisons astucieuses.

Il faut écouter attentivement le solo de contrebasse de Tyrone Allen et la conclusion dynamique offerte par le batteur Jimmy Macbride dans « Herzog », écrit de manière modale et qui célèbre la mémoire de Bobby Hutcherson : une explosion de joie envahit l’espace. L’hommage sensible dédié à Geri Allen surgit avec « Unconditional Love », titre d’une composition fameuse écrite par la pianiste américaine trop tôt disparue, ce morceau se veut joyeux et souligne la qualité des interactions du trio.

La chanson titre « Chance », issue du répertoire du regretté Kenny Kirkland, ne cesse d’être retravaillée par la pianiste, toujours avide de perfection. Cela aboutit ici à une version diaphane, d’une exquise beauté. La superbe réinterprétation de cette mélodie démontre combien Miki Yamanaka, toujours vêtue de kimonos familiaux en concert, prend soin de restituer avec authenticité un acte musical. Depuis ses études accomplies avec Fred Hersch, Miki Yamanaka ne cesse de surprendre, Chance confirme sa forte personnalité.

par Mario Borroni // Publié le 3 novembre 2024
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