Chronique

Lumpeks

Polonez

Louis Laurain (cnt, divers), Pierre Borel (as, cabasa), Olga Koziel (voc, perc, tp), Sébastien Beliah (b, divers).

Label / Distribution : Umlaut Records

Lumpeks est un des nombreux groupes issus du turbulent collectif Umlaut où l’on ne conçoit la musique qu’en équipe. Crée à l’initiative de Sébastien Beliah, Lumpeks agrège, outre le contrebassiste, les duettistes Louis Laurain et Pierre Borel (tous deux membres de Die Hochstapler en compagnie du contrebassiste Antonio Borghini et du batteur Hannes Lingens) et la chanteuse, percussionniste et trompettiste polonaise Olga Koziel. Polonez est le deuxième album du groupe après une première réussite (déjà) en 2020.

L’idée de départ du projet était d’explorer de manière contemporaine les musiques traditionnelles de la Pologne. En mars 2021, les quatre musiciens partent sillonner en voiture les routes de la campagne polonaise pour récolter des airs populaires, mélodies sans propriétaires connus, qu’on se transmet oralement en famille ou entre amis de génération en génération. À partir de ce matériau finalement assez basique, les quatre musiciens bricoleront des airs envoûtants et cabossés en y insufflant des éléments d’improvisation issu de leurs imaginaires respectifs, dans un esprit très DIY. Sur des bases de mazurkas, polkas et autre obereks, la bande improvise des tout petits riens, des bouts de mélodies souvent construites autour de tournures répétitives qui donnent l’impression que la musique tournoie, se cabre et virevolte.

Porté par une assise rythmique très affirmée et la voix haut perchée d’Olga Koziel, Lumpeks nous emmène loin, très loin, dans un imaginaire foisonnant et foutraque qui rappelle la musique tzigane, l’univers des groupes toulousains des Femmouzes T ou des Bombes 2 bal ainsi que l’ambiance des films de Kusturica et des fanfares de Goran Bregovic, où la transe n’est jamais bien loin. Polonez s’écoute alors comme la bande son d’un road trip initiatique au fin fond de la Pologne. On y avance cahin-caha, bringuebalé par le souffle libertaire du cornet de Louis Laurain, chahuté par la bonhomie furibarde du saxophone de Pierre Borel et ballotté par la roborative contrebasse de Sébastien Béliah.

On ressort de ce voyage en nage, exténué mais heureux. Avec Polonez, Lumpeks a su insufflé dans ces musiques ancestrales une tranquille modernité tout en gardant leur authenticité et leur générosité. Une musique artisanale, qui touche au cœur et qui témoigne d’un grand respect pour ces musiques populaires.