Chronique

Madeleine Peyroux

Secular Hymns

Madeleine Peyroux (voc), Jon Herrington (g), Barak Mori (b)

Label / Distribution : Impulse !

Ce Secular Hymns est un album conçu comme un tour de chant dans lequel Madeleine Peyroux revisite dix chansons entre folk, blues et country. C’est assez inégal mais on trouve quelques belles interprétations dont « Got You on My Mind », qui ouvre le disque. Tandis que, dans l’album éponyme qu’elle avait co-signé en 2005 avec William Galison, la version y avait l’esthétique blues – le jeu de guitare au bottleneck sur ce morceau en douze mesures y contribuait largement – cette fois le parti pris tend vers un univers country qui permet en effet de donner une patte originale à cette chanson pourtant maintes fois reprise. Sa capacité à revoir, d’une voix bien plus cristalline que celle de Tom Waits – l’inverse aurait été surprenant ! – « Tango Till They’re Sore » est là encore évidente. Elle plante le décor de ce morceau douloureux. C’est là aussi une belle réussite et on peut louer les talents d’interprétation de Madeleine Peyroux. Ce qui est, à n’en pas douter, la force d’un disque constitué de reprises. Sa version, mélancolique, de « The Highway Kind » ne s’éloigne guère de celle de Townes Van Zandt. Elle est effectivement moins originale mais est tout de même fort agréable et a l’avantage, considérable, de sortir le chanteur texan d’un relatif l’oubli.

Reste que certaines chansons sont moins convaincantes. Justement parce que les versions qu’elle en propose n’apportent pas grand-chose. C’est le cas de « Hello Babe ». C’est beau et bien fait – évidemment, ai-je envie d’ajouter – mais l’interprétation qu’elle en donne est tellement proche de ce qu’en faisait Lil Green qu’on n’y voit guère d’intérêt. L’une et l’autre sonnent du même blues. Tout comme « If the Sea Was Whiskey ». La version de Madeleine Peyroux est tout aussi savoureuse que celle de Willie Dixon. Mais – malgré la guitare électrique – qu’apporte-elle de plus ?

En dépit de ces bémols, l’album, enregistré dans une église anglaise, est réussi et, s’il ravira, comme d’habitude, celles et ceux qui apprécient un style un peu rétro, son côté folk country ouvre d’autres perspectives. Et c’est tant mieux.