Chronique

Mark Demuth Quartet + Sofia Ribeiro

Orik

Marc Demuth (b), Sofia Ribeiro (voc), Pascal Schumacher (vib.), Yves Peeters (dm), Joachim Badenhorst (cl, bcl)

Sofia Ribeiro, jeune chanteuse portugaise qui s’est déjà fait remarquer un peu partout en Europe, est l’invitée du quartette belgo-luxembourgeois du contrebassiste Marc Demuth. Ils se sont rencontrés en 2004 à Barcelone pour une série de projets en duo dont est née une amitié et une envie de partager une certaine idée de la musique.

Enregistré live à l’Inouï, au Grand Duché, Orik propose un voyage très coloré entre musique sud-américaine, portugaise et jazz. On y retrouve quelques airs brésiliens plus ou moins connus, comme « Vera Cruz » de Nascimento, une relecture très personnelle et très intéressante du « Felicidade » de Jobim ou encore un « Carinhoso » de Pixinguinha et De Barro joyeux et ensoleillé.

Mis à part « Changing », la plupart des thèmes sont chantés en portugais. La voix, douce et caressante, possède un grain irréprochable. Ribeiro, qui a fait ses classes aux côtés d’Eugenio Barreiros, Maria Joao et Fay Claassen, a une tessiture qui lui permet d’atteindre sans forcer les notes les plus aiguës comme les plus graves sans jamais tomber dans l’excès : tout est joliment dosé, allant du scat (« Ourique ») aux vocalises (« Gaia ») en passant par la chanson.

Le quartette est ici au service de la chanteuse dans un registre souvent chaleureux et sur des rythmes chaloupés. Demuth, à la barre, ne se permet que de rares solos (« Gaia »). Pascal Schumacher assure sobrement au vibraphone tandis qu’Yves Peeters colore l’ensemble avec beaucoup d’à-propos. Irréprochables d’un bout à l’autre de l’album !

Cependant, le musicien qui retient l’attention et rehausse l’intérêt de ce disque est sans nul doute le clarinettiste Joachim Badenhorst, qui propose intelligemment un point de vue original sur les différents thèmes. Il attise régulièrement un feu rassurant - parfois un peu ronronnant. Tantôt rauque, tantôt nasillard, passant allègrement de la clarinette à la clarinette basse, il fait entendre un style vif et enjoué et joue les trouble-fête mais toujours à bon escient. Est-ce lui qui entraîne les autres hors des sentiers parfois trop balisés voulus par le genre ? Quoi qu’il en soit, sa présence mérite à elle seule qu’on prête une oreille attentive à cette jeune formation, qui promet si elle se décide à se « lâcher » un peu.
À déguster dès à présent, et à suivre.