Chronique

Octurn / Magic Malik

XPs [live]

Magic Malik (fl), Bo Van der Werf (bs), Laurent Blondiau (tp), Guillaume Orti (as), Fabian Fiorini (p), Jozef Dumoulin (p, Fender Rhodes), Nelson Veras (g), Jean-Luc Lehr (b), Chander Sardjoe (dm), Gilbert Nouno (electronics)

Label / Distribution : Auto Productions

On ne présente plus Octurn, groupe à géométrie variable, toujours en quête d’une musique qui, si elle n’est pas nouvelle, chercher toujours à inventer, à découvrir. Car l’obsession d’Octurn est bien là : défricher, chercher, mélanger, retourner la musique dans tous les sens pour dire les choses autrement.
Avec eux, la certitude se mélange à l’aléatoire. Parfois très descriptive, souvent abstraite, la musique donne à l’auditeur le choix du voyage.

Sur de telles bases et de tels principes, pas étonnant que Bo Van der Werf et Magic Malik se soient retrouvés. Tout comme leur vision, leur langage possède de nombreux points communs. Et autant de différences. Cette entente ne pouvait être que bénéfique, et cette union accouche d’une musique aussi organique qu’onirique. Les XPs sont aussi dérangeantes que fascinantes, les climats aussi brûlants qu’apaisants, aussi lourds que légers. Il n’est pas rare que valse ou berceuses côtoient des univers plus sombres ou plus inquiétants.

Il fallait bien un double album, enregistré en partie « live » (même si l’on n’entend jamais le public), pour laisser une trace de ces recherches perpétuelles. Pour nous donner aussi quelques indices nous aider à nous y retrouver. Il faut dire que la construction des morceaux imaginés par Malik (la plupart des « XPs »), avec Van der Werf (« Xps 26, 27 » et « 28 ») ou par Dumoulin, Nouno, Fiorini et Van der Werf (« Stupa 1« , »2 » ou « 3 ») sont construits de telle manière que chaque musicien du groupe peut intervenir, improviser et inventer sa propre musique. Histoire de nous perdre à nouveau. Mais aussi d’enrichir l’ensemble et de le rendre plus mouvant, plus déstabilisant encore. Ainsi, les interventions parcimonieuses de Nelson Veras à la guitare ouvrent une fenêtre sur un univers particulier, presque en décalage. Les intrusions rythmiques de Chander Sardjoe, épaulé par la basse, presque funky, de Jean-Luc Lehr offrent un horizon plus groovy (« Flash »). Les interventions ondulantes de Guillaume Orti ou de Laurent Blondiau embrument les songes. Quant à Gilbert Nouno et Jozef Dumoulin, ils parsèment les thèmes de rythmes électros décalés qui agissent comme autant de secousses.

Mais il serait vain de vouloir passer ici en détail toutes les idées développées sur ce disque, car souvent elles servent à nourrir les suivantes. Tout s’enchevêtre comme dans un rêve dont on cherche rarement à comprendre le début ou la fin. La comprennent-ils eux-mêmes ? C’est sans doute, là aussi, le but et l’intérêt de ces expériences palpitantes. Et elles sont infinies, car avec Octurn, la musique est toujours plus grande.