Scènes

Matthieu Donarier Trio au Jazz club d’Angers

Troisième et dernier concert d’une trilogie entamée en décembre 2008, et qui donnera naissance au nouveau disque à paraître sur le label Yolk à l’automne 2009.


Troisième et dernier concert d’une trilogie entamée à Saint-Nazaire en décembre 2008, passée par le Pannonica de Nantes le 14 janvier 2009, et qui s’achève au Jazz Club d’Angers le 16 janvier 2009. Trois dates et quelques jours de répétitions dans chacun de ces lieux, pour aboutir à un disque qui devrait paraître sur le label Yolk à l’automne 2009.

Ces trois concerts, on pourrait les décrire ainsi : prise de marques et essais à Saint-Nazaire, répétition générale en public à Nantes, grand soir à Angers. Le premier show a permis au trio de tester un répertoire mêlant morceaux anciens et compositions très récentes. Une sorte d’exploration des possibles, à la recherche des traces qu’il veut laisser. Beaucoup de tentatives donc, quelques tâtonnements, mais au final un beau concert avec quelques vrais moments de grâce.

Un mois a passé lorsqu’on retrouve le trio au Pannonica. On sent que le choix des morceaux qui vont être enregistrés est presque arrêté. Les versions jouées et les chemins empruntés semblent très réfléchis. Beau concert, mais on sent toujours le groupe au travail. Et c’est à Angers que l’on comprend : Saint-Nazaire et Nantes n’ont existé que pour ces derniers jours, cet ultime soir, celui de l’extase !

Explications. Tout d’abord, la salle du Jazz Club, proche dans l’esprit du Pannonica. Pas de scène surélevée à proprement parler, de nombreuses tables et chaises style bistro… Un espace chaleureux, intimiste, propice à l’écoute de ce style de musique. Ici, on voit que le trio a pris ses marques, répété, expérimenté. Saint-Nazaire et Nantes ont permis de parfaire les automatismes, de choisir les bons filons d’improvisation. On sent les musiciens en confiance, à l’aise avec la musique et l’espace. Comme lors des premiers concerts, le répertoire accueille Brassens (« Mourir pour des idées », « Le temps ne fait rien à l’affaire ») dans des versions presque reggae, et lorgne vers l’Amérique du Sud et ses grandes figures révolutionnaires. Matthieu Donarier et ses amis rendent hommage à Alban Darche, figure tutélaire de Yolk, en reprenant « Au bal de l’anarchiste », confirmant ainsi la couleur revendicative du concert.

Matthieu Donarier/Manu Codjia © Patrick Audoux/Vues Sur Scènes

Ce répertoire multicolore engendre des atmosphères à son image : après Brassens, le trio invoque Satie (« Troisième gnossienne »), Trenet (« Il pleut dans ma chambre »)… La musique devient lunaire à la faveur d’un solo de Manu Codjia, puis retrouve une esthétique très jazz avant de s’envoler pour la cordillère des Andes. Joe Quitzke se démultiplie, le guitariste peuple les paysages traversés. Quant à Donarier, il sait se faire droit ou dansant, étranglé ou harangueur, toujours inventif. La musique atteint des sommets ; la réaction du public est d’ailleurs révélatrice — et celle des musiciens aussi. Quelques phrases échangées avec le saxophoniste à la fin du concert confirment mon impression : ce concert devrait constituer la majeure partie du disque.