Portrait

Les Disques Futura et Marge ont quarante ans

Distribué en Europe, au Japon et aux Etats-Unis, ce label basé depuis sa création sur l’auto-production et l’auto-distribution s’avère être un modèle de « production artistique durable ».


Distribué en Europe, au Japon et aux Etats-Unis, ce label basé depuis sa création sur l’auto-production et l’auto-distribution s’avère être un modèle de « production artistique durable ».

Les disques Futura et Marge, c’est Gérard Terronès. Cet homme toujours coiffé d’un chapeau, assis ou debout au fond de la salle, discret, attentif et le sourire en coin, ce passionné de blues et de jazz est un habitué des clubs parisiens. Par convention tacite entre lui et le jazz, il se doit d’y être présent, ainsi que dans les festivals. Car G. Terronès est engagé professionnellement dans le monde du jazz depuis 1965, date à laquelle il crée le club Blues Jazz Museum, avant de reprendre en 1967 la gestion du parisien Gill’s Club [1]. Alors, les clubs de jazz sont un peu sa deuxième maison. Il y vient pour écouter et découvrir de nouveaux talents Alexandra Grimal, soutenir des musiciens qu’il a produits et imaginer des collaborations inédites (Sophia Domancich avec la paire Parker/Drake, par exemple). Quel que soit le style, Terronès est à l’écoute, pourvu que ça lui parle.
Tour d’horizon historique du label, de son catalogue et de la méthode Terronès.

LES LABELS

En 1969, Gérard Terronès crée Futura Records et produit les disques des musiciens qui jouent au Gill’s Club, qu’il gère, ce qui permet aux représentants européens des musiques improvisées de s’exprimer. Il est aussi l’un des propagateurs du Free Jazz en France en faisant la part belle place aux Américains. Dès sa création, Futura Records produit vite et beaucoup : cinquante références en quatre ans ! Dans les années 70, le label est considéré comme un des plus importants et des plus représentatifs dans son domaine.
En 1975, suite aux problèmes économiques de Futura, G. Terronès décide de créer les Disques Marge. A partir de ses différentes activités de tourneur et d’organisateur de spectacles (concerts, festivals et tournées), il le décline en sous-labels qui se distinguent par des couleurs différentes :

  • Futura, bord jaune, regroupe les productions de la période Free, époque du Gill’s Club.
  • Marge, bord rouge, créé en 1973 et marqué par l’organisation du Festival Indépendant de Massy, compte quarante-cinq albums.
  • Blue Marge, bord bleu, est consacré aux voix depuis 1978 et comprend onze albums.
  • Impro, bord vert, à l’origine consacré à Archie Shepp, a sept albums de jazz américain à son actif (Pepper Adams, Barney Wilen…).
  • Jazz Unité, enfin - le plus petit -, bord violet, n’a totalisé que trois disques : ceux des musiciens qui se produisaient au Jazz Unité, le dernier club de Terronès, situé à La Défense.

En 1996, les labels et sous-labels de Marge et Futura sont réunis sous la même enseigne et deviennent les Disques Futura et Marge. A ce jour, la maison possède un catalogue de près de cent trente disques.
Producteur indépendant, G. Terronès prend en charge la logistique d’enregistrement et la fabrication des disques sans emprunts bancaires ni subventions. Il se charge personnellement de la distribution. Ces méthodes s’inspirent de celles des plus grands producteurs américains : Norman Granz (Verve), Bob Thiele (Impulse ! Records, entre autres ) et Bernard Stollman (ESP).

CATALOGUES

Depuis ses débuts, le label souffre en France de l’étiquette restrictive « Free Jazz », mais sa réalité artistique est toute autre : le mélomane curieux y trouvera un large éventail de styles allant des musiques expérimentales et improvisées (Raymond Boni, Bernard Vitet, Jacques Thollot…), au jazz traditionnel et mainstream (Irakli, Pepper Adams, Ben Webster, Georges Arvanitas…), au Free Jazz, effectivement (Anthony Braxton, Sam Rivers, William Parker), mais aussi au rock alternatif ou progressif (Red Noise, Mahogany Brain, Fille qui Mousse …) et au flamenco (Paco el Lobo).
Quelques disques récemment réédités…

  • Jacques Thollot solo - Quand le son devient aigu, jeter la girafe à la mer (Futura Ger 24)
    Avec Futura, Gérard Terronès a fait le choix judicieux de publier des pièces à la fois rares et maîtresses. Ainsi cette réédition : œuvre unique en son genre, culte - et œuvre de solitaire puisque Thollot y enregistre lui-même tous les instruments (batterie, percussions, piano, orgue, violon, effets électroniques), en deux jours [2]. Cette immersion, cette solitude ne sont pas étrangères au climat onirique qui règne sur le disque. Fragments dissonants (« Aussi large que long »), litanies obsédantes (« Position stagnante de réaction stationnaire »), percussions et piano modifiés dans « Cécile » ou « Enlevez les boutons, le croiseur se désagrège », interprétations au sens fort dans « Mahagony Extraits », beau melting-pot kurtweilien, ou « De DC par JT » qui reprend des thèmes de Don Cherry.
    (Mathias Kusnierz)
  • Red Noise (P. Vian, J. C. Cenci, D. Geoffroy, P. Barry …) : Sarcelles-Lochères (Futura Red 01)
    Moins séminal, moins puissant que Quand le son devient aigu…, mais tout aussi libre, Sarcelles-Lochère, unique enregistrement du groupe de Patrick Vian, fils de Boris, est une œuvre contestataire plein de fougue et de drôlerie. Vian et sa bande enchaînent les pochades : « Caka Slow » au titre explicite, « Existential Import of the Screw-Driver Eternity Twist », pièce parodo-philosophique ou moments de pur non-sens (« Obsession sexuelle #1 » et « Obsession sexuelle #2 »), ou « Petit traité d’instruction civique ». Reste que ce disque s’achève sur « Sarcelles c’est l’avenir », improvisation de près de vingt minutes où les musiciens donnent toute leur mesure, à la fois droite et désordonnée, qui convoque pêle-mêle guitares en folie, cuivres en liberté et lignes d’orgue funky.
    (Mathias Kusnierz)

Sujet à polémique pour ses choix artistiques, on a là un label à part, qui a principalement été accusé de ne produire que des musiciens américains. Or, il s’avère que les Français représentent deux-tiers du catalogue Futura ! Si certains ont oublié ces disques-là, c’est essentiellement parce que les artistes concernés jouent peu sur scène et ne sont pas publiés ailleurs ; exemple, le Trio Passeurs de la saxophoniste française Véronique Magdelenat (accompagnée de Christian Rollet et Bernard Santacruz), une des dernières productions Marge (n°44). Enfin, ce label signe des Américains accompagnés de sidemen français ou européens. Depuis les années 70, Terronès développe ainsi un ensemble de propositions artistiques inédites qui expliquent la longévité du label (voir récemment la collaboration Domancich/Parker/Drake ou celle de James Spaulding, saxophoniste américain rare dans l’Hexagone, avec le Pierre Christophe trio).
Profitons-en pour évoquer une collaboration riche de sens puisqu’elle est devenue, avec le temps, un disque de référence dans l’œuvre de Ben Webster : Ben Webster Meets George Arvanitas trio (Futura Swing 06, réédité en 2009) avec Georges Arvanitas, Charles Saudrais et Jacky Samson en 1972. Cette excellente initiative de Terronès est plus un cadeau à Webster qu’à Georges Arvanitas : à cette époque, le pianiste a déjà enregistré sur son label et fait partie de ses proches. Le trio tournera pendant vingt-huit ans et le leader jouera avec tout le monde au cours de sa carrière. Ce quartet joue des classiques du jazz comme « Autumn Leaves » et des standards jazz/blues tels que « Makin’ Whoopee » ou « Hal Blues » avec une constante mélodique jamais démentie. Une rencontre rêvée - prédestinée ? - pour les amateurs des deux musiciens tant la complicité et la stimulation mutuelle sont évidentes.
(Jérôme Gransac)

Autre exemple, G. Terronès a réuni le trompettiste Dizzy Reece, Siegfried Kessler et Patrice Caratini :

  • Dizzy Reece quintet (Gilmore, Kessler, Caratini, Taylor) - From In to Out (Futura Ger 16)
    Outsider de poids, Dizzy Reece, trompettiste toujours en activité, est un baroudeur, éclipsé par les géants de son temps ; il a joué avec bon nombre de musiciens de talent (Don Byas, Kenny Clarke, Frank Foster, Thad Jones, Dexter Gordon, Andrew Hill, Hank Mobley, Duke Jordan, Philly Joe Jones) et a enregistré quelques disques, notamment pour Blue Note, très bien accueillis par la critique. Cet enregistrement effectué par Gérard Terronès à Créteil (23 octobre 1970) rappelle toute la valeur d’un musicien discret, intense et inventif ; il témoigne aussi d’un concert puissant au groove généreux, où les musiciens en symbiose apportent souffle et énergie.
    (Mathias Kusnierz)

On l’a vu, peu de vocalistes ont signé chez Futura et Marge. Écoutons Gérard Terronès : « A part Abbey Lincoln, je n’aurais pu enregistrer que deux Américaines (Jeanne Lee et Linda Sharrock), et un seul Américain (Sugar Blue, également harmoniciste). Malheureusement Jeanne est morte, et Linda et Sugar préfèrent enregistrer sur d’autres labels. J’aurais quand même un petit faible pour d’autres horizons, ceux de Greetje Bijma, Maggie Nichols et Lauren Newton, mais je ne cours pas après. Sinon, aucune place pour les garçons. ».
En revanche, on retrouve quantité de vocalistes, bons-nes et beaucoup moins bon-nes d’ailleurs, en invité-es sur de très nombreux disques de musiciens de jazz instrumental (« Attica Blues Big Band » et « My Man » d’Archie Shepp, Bernard Vitet, Roy Haynes, Ted Curson…).

  • Abbey Lincoln sextet – Painted Lady (Blue Marge 1003)
    Cet album est imprégné de blues, celui d’Abbey Lincoln et de sa voix mate, légèrement éraillée, profonde et singulière, presque vindicative. Blues aussi avec le saxophone d’Archie Shepp, parfait compagnon pour cette musique. À noter aussi la prestation de Freddie Waits au sein de ce sextet monté d’après les conseils avisés de Gérard Terronès. Sa batterie tout en subtilité de toucher en est la pierre angulaire. Un disque d’une grande beauté, à déguster tel un grand cru.
    (Julien Gros-Burdet)

MANAGER ET PRODUCTEUR DURABLE

G. Terronès fait partie des rares producteurs indépendants au monde qui puissent vivre de leur activité et maintenir leur label à flot. En ces temps où les labels font face à la crise du disque avec difficulté, la longévité de Futura et Marge fait rêver.
Mais G. Terronès n’est pas seulement un producteur de disques. C’est aussi un passionné, un forcené du jazz qui exploite tous les aspects du métier, dont celui de manager, pour que les artistes qui le passionnent puissent s’exprimer. Sa méthode de travail est largement inspirée de celle de grands producteurs comme Norman Granz (pour l’indépendance) ou Charles Delaunay, dont il était l’ami et qui a marqué le début du jazz en France par ses nombreuses et diverses activités [3], et multiplie les casquettes avec l’aide de son bras droit Marianne Fernel.
Dès 1969 et jusqu’en 1986, il fait jouer beaucoup de ses musiciens dans ses clubs [4], organise des concerts dans des grandes salles parisiennes (théâtres, centres culturels, Palais des Glaces, La Mutualité, le Forum des Halles…) puis des festivals en France (entre autres, Massy, Jazz au Futur à la Défense et les « Mutants » au TLP Dejazet…).
En parallèle, il représente en Europe de nombreux musiciens européens et américains [5] et entre en concurrence saine [6] avec Simone Ginibre, grande manageuse d’artistes alors bras droit français de George Wein (manager de Miles Davis et de nombreux artistes Columbia, producteur du Newport Jazz festival). Comme elle ne travaille pas avec les musiciens free et autres artistes délaissés par le « Jazz Business », Terronès devient leur meilleur représentant.

Quelques recensions de disques récents enregistrés par des musiciens américains et européens (Steve Lacy n’était-il pas devenu un véritable Européen après l’exil auquel il avait été contraint pour trouver un écho plus favorable à sa musique ?) qui n’intéressaient pas le Jazz Business :

  • FAB trio (Joe Fonda, Barry Altschul, Billy Bang) : A Night in Paris (Marge 41 )
    Trio 3 (Oliver Lake, Reggie Workman, Andrew Cyrille) : Wha’s Nine (Marge 40)
    Il semble que Gérard Terronès soit amoureux des grandes sections rythmiques. On pense bien sûr à la mythique paire William Parker-Hamid Drake, plusieurs fois présente sur le label Marge, mais deux albums enregistrés au Sunset à six mois d’intervalle en apportent un témoignage supplémentaire. Certes Billy Bang est un violoniste à l’intensité passionnante et Oliver Lake un altiste important de l’histoire du free jazz, et tous brillent à la hauteur de nos attentes sur A Night In Paris [7] et Wha’s Nine [8]. Mais les binômes constitués de Joe Fonda à la basse et Barry Altschul à la batterie aux côtés du violoniste, et du bassiste Reggie Workman et du batteur Andrew Cyrille avec Oliver Lake disputent la vedette aux solistes qu’ils sont chargés d’accompagner.
    On ne dira jamais assez combien Joe Fonda est grand, et combien son discours est aussi complexe et prolifique que le son de sa basse est puissant et élastique. Quant à Barry Altschul, batteur du légendaire Conference Of The Birds de Dave Holland, il entretient tout au long de l’enregistrement un feu qui culmine avec des solos explosifs (cf. celui de « Da Bang ».
    Autre instrumentiste important dans l’histoire du free jazz, le batteur Andrew Cyrille. Les spécialistes parlent avec des trémolos dans la voix d’un de ses solos sur le Dark Tree d’Horace Tapscott. Il forme ici avec le bassiste Reggie Workman la paire rythmique du Trio 3. Ce dernier est l’auteur du thème qui donne son nom à l’album, thème qu’il se charge d’introduire - avec un son magnifique. La puissance, l’autorité et l’activité inlassable du batteur achèvent de dérouler sous les pas d’Oliver Lake le tapis rouge que mérite son déluge d’idées.
    (Laurent Poiget)

Steve Lacy - Wordless (Futura Ger 22)
Cette approche du Trio 3, Steve Lacy ne l’aurait pas reniée, qui choisit pour ce Wordless, enregistré live à Paris au Théâtre de l’Epée de Bois le 4 janvier 1971, une fine équipe de musiciens rares. Le leader est au soprano, où il excelle, Irene Aebi au violoncelle, Kent Carter à la contrebasse et Jerome Cooper à la batterie. A la trompette, un musicien étonnant qu’on entend peu et dont on a perdu la trace : Ambrose Jackson. Discret sur ce disque, sa palette de jeu est large et pleine de beautés originales. Il rehausse puissamment, de ses interventions parcimonieuses, un enregistrement en tous points excellent, et qui laisse l’auditeur… wordless !
(Mathias Kusnierz)

Ainsi, entre 1975 et 1993, Terronès étend son activité de tourneur à l’Europe et organise de nombreuses tournées d’artistes en Europe [9]. Il est alors facile d’enregistrer ces musiciens (et d’alimenter ses labels). Malheureusement, faute de moyens, il passe à côté d’Ornette Coleman, Max Roach, Cecil Taylor, Rashied Ali, Charles Mingus, Lee Konitz ou Elvin Jones… A la même époque, il gère deux magasins de disques à Paris, écrit dans Jazz Hot et distribue des labels étrangers en France. A partir des années 80, il anime bénévolement deux émissions hebdomadaires radio jazz/blues sur Radio Libertaire, et ce pendant vingt-six ans.
Terronès vit de sa passion. Depuis 1965, il en fait son métier.

ENGAGEMENT POLITIQUE, ARTISTIQUE ET PERSONNEL

Terronès nous dira un soir : « Le jazz, c’est du sérieux. Produire un disque de jazz peut parfois être un acte politique. »
Au fil des années, sa ligne directrice ne change pas : il ne produit que des projets artistiques de qualité tout en étant influencé par un parcours politique de gauche. Car chez lui, politique et jazz sont indissociables. Contestataire, il a adhéré à la Fédération Anarchiste pendant plus de vingt ans, aimé des émissions sur Radio Libertaire, produit des disques d’artistes français devenus emblématiques du début des années 70 [i], collabore avec des musiciens afro-américains engagés tels que Max Roach, Archie Shepp, Frank Wright, Clifford Thornton ou Abbey Lincoln.
Enfin, il ne tolère pas la moindre concession commerciale : les Disques Futura et Marge recherchent la qualité artistique ou le message politique, et leur but premier n’est jamais le succès commercial.

  • M. Portal/J. Surman/B. Phillips/S. Martin/J.-P. Drouet : Alors !!! (Futura Ger 12)
    Alors !!!, enregistré en janvier 70 avec Michel Portal et l’Anglais John Surman est un disque primordial - au même titre que le Free Jazz de F. Tusques - en ce qu’il témoigne de la volonté, chez les free jazzmen européen, de « briser le cercle » qui enfermait leur musique dans des schémas qui ne leur appartenaient pas. L’apport des Américains présents en France à l’époque, tels les Chicagoans de l’AACM et notamment A. Braxton, dont l’influence ici est particulièrement prégnante, contribuera à cette réflexion en mouvement. Alors !!! est une œuvre de transmission et de défrichage entre les musiques contemporaines européennes et la force collective du Free, où le « Trio » de Surman et sa remarquable rythmique américaine (Barre Philips à la contrebasse et Stu Martin à la batterie) s’adjoint M. Portal et le percussionniste Jean-Pierre Drouet pour chercher avec enthousiasme et sensibilité les rhizomes communs d’une expression nouvelle. Il suffit de se pencher sur « Y’en a marre » (Portal) pour saisir la rupture constructive qui anime ce disque majeur.
    (Franpi Barriaux)

François Tusques Solo – Piano dazibao (Futura Ger 14)
Voilà un disque engagé ! Tout d’abord, Tusques l’a enregistré seul chez lui. Ensuite, chaque morceau porte un titre explicite, renforcé par un texte signé du pianiste. Cet engagement transparaît d’ailleurs dans le titre même : les dazibao, ce sont ces journaux placardés sur les murs par les Chinois pendant la révolution culturelle. Bien qu’enregistrée en 1970, la musique, quelque part entre Cecil Taylor et Mal Waldron (tout en restant très personnelle) n’a pas vieilli. L’album donne à penser sans que jamais le propos intellectuel prenne le pas sur elle. Ici, musique et pensée sont interdépendantes et se servent l’une l’autre.
(Julien Gros-Burdet)

Un catalogue d’une richesse pareille ne peut qu’intriguer les gros poissons. Dans les années 80 et 90, G. Terronès a reçu plusieurs propositionss de rachat, qu’il a déclinées. En 2000, c’est au tour d’Universal de s’intéresser à Blue Marge mais, là encore, il refuse : il a toujours soif de productions nouvelles. Dernièrement, les discussions reprennent au sujet de Futura avec Universal, qui souhaite moderniser la série « Jazz In Paris ». Mais les exigences de G. Terronès et le départ de Daniel Richard d’Universal font capoter le projet. Terronès ne lâche rien : la passion est la plus forte.

[1Vinrent par la suite le Totem (1977-1979), le Jazz Unité (1981-1982) et le Trou Noir (1984-1985).

[28 et 9 mars 1971.

[3Le journaliste et écrivain Charles Delaunay a créé la revue Jazz Hot, managé et enregistré le quintette du Hot Club de France de Django Reinhardt, organisé de très nombreuses tournées et concerts à travers la France, créé le label Swing et co-fondé les disques Vogue dont la grande vedette était Sidney Béchet.

[4Pharoah Sanders, James Moody, Anthony Braxton, Memphis Slim, Ernie Wilkins, Sun Ra Arkestra, Hank Mobley, Sugar Blue, Paul Motian, L’Art Ensemble of Chicago, Thad Jones/Mel Lewis big band, John Lee Hooker ou Woody Herman big band

[5Max Roach, Abbey Lincoln, Rashied Ali, David Murray, Archie Shepp, Roy Haynes, Cecil Taylor, Dexter Gordon, Georges Arvanitas, Sam Rivers, Raymond Boni, Lee Konitz, Elvin Jones pour ne citer qu’eux.

[6Gérard Terronès :
« George Wein (plus que Norman Granz, lequel s’appuyait avant tout sur des producteurs de concerts, comme en France Frank Ténot et Daniel Filipacchi) avait des « managers relais », comme moi par la suite avec le free jazz : j’avais des représentants dans chaque pays d’Europe et du monde.
Donc Simone Ginibre était sa représentante (parfois sa co-productrice) en France, Alberto Alberti en Italie, Paul Acket en Hollande et dans d’autres pays européens, etc … Par parenthèse, on se connaissait tous et on était amis bien que concurrents (j’étais l’homme-alibi qui les dégageait du free jazz), et j’allais notamment tous les ans au North Sea festival de Paul Acket. »

[7Avril 2008, trio FAB.

[8Trio 3, capté en octobre 2007.

[9Le dernier concert sera un hommage à Coltrane au festival d’Antibes - Juan-les-Pins en 1993 avec Archie Shepp, Ravi Coltrane et Rashied Ali.

[iPiano Dazibao de François Tusques, réédité en 2009, Y en a marre de Michel Portal, Le Massacre du printemps de Jef Gilson, le fameux La Guêpe de Bernard Vitet et pour abréger, Sarcelles-Lochères de Patrick Vian et Red Noise..