Chronique

Alexandra Grimal & Giovanni di Domenico

Ghibli

Alexandra Grimal (ss), Giovanni di Domenico (p)

Depuis quelques années, Alexandra Grimal traverse les différentes contrées du jazz avec un même bonheur, multipliant les rencontres comme autant d’occasions d’avancer en musique. Après un premier travail commun en quartet pour l’excellent Seminare vento paru chez Freelance en 2010, la voilà de nouveau associé à Giovanni di Domenico, cette fois pour un tête-à-tête subtil et inspiré autour d’un répertoire composé par le pianiste italien.

Tout au long de ce Ghibli, paru sur le label sans bruit, la musique navigue sur les lignes minérales des saxophones d’Alexandra Grimal qui viennent se poser et s’entremêler avec le piano du transalpin. Ce dialogue complexe s’avère malgré tout extrêmement fluide, et les échanges dénotent une entente en tout point remarquable. Ces deux-là parlent le même langage.

En découle une œuvre marquée par les deux personnalités mais portée par le souffle rafraîchissant de Grimal, dont la maîtrise du soprano est remarquable. Comme à chacune de ses manifestations, la jeune femme confirme un talent rare pour construire un monde musical qui lui est propre. A ses côtés, di Domenico se partage entre angularité et lignes ouvertes avec un toucher subtil qui sied parfaitement au jeu tout en nuances de la saxophoniste. Puisant son inspiration du côté de Monk ou de Paul Bley, le pianiste lui offre les relances, respirations et contrepoints qui viennent nourrir son inspiration. Voir les splendides « Ear Worm », anguleux et complexe, ou « Koan N°4 », intimiste et mystérieux. L’exercice est périlleux car sans filet, mais Ghibli est un moment hors du temps qui marque par la richesse du propos et la naturel avec lequel il est délivré. On est captivé par cette faculté de construire un discours qui pourrait être austère mais qui, en fin de compte, se révèle accueillant tant on prend plaisir à se laisser emporter, attentifs à chaque détail, note, souffle de l’histoire qui nous est contée. Ces deux musiciens sont exceptionnels, cet album en est la confirmation