Mopomoso on the Net
Mopomoso a été fondé en 1991 par le guitariste John Russell et le pianiste, trompettiste et compositeur Chris Burn.
Son objectif est de faire connaître l’improvisation libre, de préférence sur scène, mais aussi via des vidéos, en invitant des artistes aussi bien locaux que nationaux voire internationaux.
En juin 2020, crise sanitaire oblige, ce concert s’est déroulé en ligne, avec un titre qui laisse augurer une suite, Mopomoso Digital 1. Enregistré sur YouTube, il nous offre près d’une heure de musique, entrecoupée de présentations par un John Russell dans son jardin, toujours aussi pétillant en dépit de son cancer dont il parle sans réserve.
Et comme il est toujours dynamique, c’est lui qui commence, par un trio de guitares (à partir de 4:26), avec Jörg Hufschmidt et ddavid, éclaté géographiquement et réuni par Zoom, outil de téléréunion. Une musique déroutante faite de petites percussions, de craquements, de brisures, de frottements divers (dont certains avec un ballon de ddavid)… et de cordes pincées.
Sylvia Hallett joue du violon, mais aime aussi à jouer avec des branches d’arbres et des sarments de vigne que son archet fait vibrer et dont la musique est traitée en direct avec des pédales de guitare. Étrange, n’est-il pas ? Elle a enregistré cette musique, disponible sur Bandcamp, pour l’album Tree Time. Ici, le deuxième titre, « Song of Boughs » (à partir de 10:05) est diffusé sur une vidéo végétale réalisée pour Mopomoso. Il ne s’agit là que d’un extrait de cette pièce.
À partir de 16:00, Catherine Sikora (sax) prend la relève avec une pièce, « Fresh Cut Reed », sur un film d’Eric Mingus évoquant une télévision incertaine. Une musique éraillée, un peu torturée, qui sait nous fouailler l’âme.
Un solo de guitare de Ash Cook (23:45) enregistré sur smartphone pour cette édition est suivi d’une pièce du Glasgow Improvisers Orchestra et de ses invités (à partir de 28:34) enregistrée elle aussi pour ce premier Mopomoso digital. Son titre ? « Aplatir la courbe », objectif partagé par tous les ministres de la santé. Un autre Zoom de 29 musiciens dont John Russell, Maggie Nicols et bien d’autres artistes de renom (le générique de fin est impressionnant).ù
Retour du trio de notre guitariste à partir de 35:00, quasiment sans résonance, juste une virgule musicale.
La pièce suivante, « Phase 2 », issue de leur album Superluna (à partir de 36:50), réunit Sothiac, duo formé à Berlin de Pat Moonchy (voc, synth) et Lucky Liguori (g, perc)), et Paul Jolly (sax, bcl). Une musique et une vidéo puissamment oniriques.
Troisième extrait musical du trio de John Russell (46:00) qui commence par des rires. Cette fois, ddavid ajoute une loupe, un jouet à son ballon pour percuter les cordes. L’humour et le plaisir de ces chenapans affleurent tout au long des ces quelques minutes.
Pour finir, un duo enregistré sur scène avant la pandémie, à Dublin, avec Ned Rothenberg (ts) et Paul G. Smith (p). Une musique qui semble s’installer dans un faible segment chromatique, insistante, un peu hypnotique.
Avant de nous quitter, John Russell nous rappelle qu’on peut contribuer financièrement à Mopomoso. Il finit par une scène d’applaudissements que je vous laisse découvrir !