Chronique

Nadine Estève et le Tintamar’ Orchestra

Les Grandes Lignes

Nadine Estève (comp, dir), Sarah Friedmann (v), Marie-Hélène Tournebise (v), Tiana Ravonimihanta (alto), Nathaly Makeef (cello), Pascal Delalée (v), Christiane Ildevert (cb), Dominique Bouzon (fl), David Lewis (tp, flh), Emilie Rambaud (tb), Guillaume Bonnet (perc.), Kristof Hiriart (voc), Pantxix Bidart (voc)

Label / Distribution : Nerves Wos

Des tas de cordes et des tas de femmes. Cela s’impose dès le premier coup d’oreille au CD, dès le premier coup d’œil à sa pochette. Il y a tout de même un peu de place pour les vents, les percussions, les voix… et les messieurs. Deux d’entre eux sont chanteurs, histoire de bien se moquer des stéréotypes.

Nadine Esteve écrit des musiques de spectacles vivants et cela s’entend à l’oreille nue. Les Grandes lignes est son premier CD ; elle n’y tient pas d’instrument : elle préfère diriger, garder les idées claires pour choisir et décider. Ses compositions ont un côté presque visuel qui vous fait venir l’image en tête dès les premières notes. A chaque morceau son court-métrage imaginaire. Pendant que vous vous faites un film, vous attrapez la pochette, et… Vous pensiez road-movie ? « Train Fantôme ». Un bal suranné ? « Rideau Rouge ». Les bateliers de la Volga ? Cela s’appelle « Les Rameurs ». Istanbul déboule dans vos écouteurs ? C’est « Orientés »… Les mélodies sont omniprésentes et accrocheuses, joueuses ou pensives, on y croise un monde fou : Bartok et Nino Rota, Grieg peut-être, un thème populaire hongrois, Michael Nyman, un zeste de tzigane… ad libitum.

A travers tout cela, comme les nervures d’une feuille, quatre versions d’un même thème. Celle des flûtistes : « Doux doux soufflé », celle des cuivres : « Doux doux cuivré », celle des cordes : « Doux doux vibré » et celle des chanteurs, en basque, sous le titre « Kattalin Gezur ». Le texte, elliptique, allusif, de Xabier Itzaina : une adresse à l’étrange lucarne. Les voix se partagent entre l’introversion d’un Mikel Laboa et la générosité d’un Beñat Achiary. La contrebasse jouée à l’archet, somptueuse, enveloppe la parole perdue.

Fermez donc la télé et remettez un CD sur votre platine. Pourquoi pas celui-là, tiens ?