Chronique

Nicolas Parent Trio

Mirage

Nicolas Parent (g, comp), Guillaume d’Arbonville (perc), Kentaro Suzuki (b) + Vincent Segal (cello).

Ce disque est un nouveau rendez-vous. Avec le calme et la sérénité, loin des urgences de notre monde trop pressé d’effacer ce qu’il vient à peine de laisser naître, dans une fuite en avant insensée, au sens le plus littéral du mot. Une nouvelle échappée belle, donc. Après Moments en 2012 et Tori en 2016, deux albums dont notre camarade Olivier Acosta avait souligné fort justement les beautés, le guitariste Nicolas Parent revient en trio avec Mirage, dans une formation dont la formule n’a pas changé depuis l’album précédent : Kentaro Suzuki est à la contrebasse et Guillaume d’Arbonville aux percussions. Et une fois encore, un invité vient s’immiscer dans la conversation confidente des trois musiciens, le temps de deux compositions : c’est aujourd’hui le tour du violoncelliste Vincent Segal, qui n’est pas le dernier à savoir exprimer sa passion pour une musique qui serait source de félicité.

Ici donc, pas d’esbroufe, pas de course-poursuite virtuose, aucune démonstration technique. Tel n’a jamais été le moteur d’un guitariste que l’on sent d’abord en quête d’une exaltation suggérée et onirique. Surtout, sa volonté de constituer un ensemble parfaitement équilibré tant du point de vue rythmique qu’harmonique conduit le trio à laisser aux notes le temps de respirer, à accorder entre elles une large place au silence et à la retenue. Si les compositions jouées par un groupe qu’on pourra qualifier de triangle équilatéral sont toutes signées par le guitariste, il n’en reste pas moins que chaque musicien semble vouloir faire sien un langage marqué par le recueillement et l’écoute réciproque, mobilisant pour cela tout son sens de l’épure dans un souci de raffinement.

C’est l’idée d’harmonie qui vient à l’esprit à l’écoute de Mirage, dont le titre ne doit rien au hasard. Tel ce phénomène optique de déviation des faisceaux lumineux donnant l’impression que l’objet que l’on regarde est à un endroit différent de son emplacement réel, la musique de Nicolas Parent vous embarque dans un rêve éveillé alors même que vos pieds restent solidement plantés dans la terre ferme. C’est plus qu’un mirage, c’est un petit miracle !