Chronique

Nicolas Stephan

Null

Nicolas Stephan (as, ts).

Label / Distribution : Le Petit Label

Membre actif pérenne et compositeur au sein du Surnatural Orchestra, le saxophoniste Nicolas Stephan réduit considérablement la voilure en s’essayant aujourd’hui au solo, mais sans nous placer pour autant dans le seul exercice d’une ligne mélodique monodique possiblement aride.

La première partie de « Rouge zéro », le titre d’ouverture, permet il est vrai d’écouter une sonorité pleine magnifiquement feutrée dans les parties graves, et qui déroule un discours raffiné et sensible. Avec un sens de la respiration et une grande maîtrise de l’instrument, les mélismes du saxophoniste captent l’oreille sans la heurter et conduisent l’auditeur sur un cheminement progressivement dévoilé.

Pourtant, les plus attentifs sauront saisir rapidement un ou deux décrochages dans le continuum sonore, qui annoncent ce qui viendra par la suite. Car, en réalité, Nicolas Stephan joue bien seul mais parvient tout de même à privilégier l’interaction. Complétant le son du saxophone par des vinyles qu’il a pris grand soin de désaxer et de couvrir de morceaux de scotch à des endroits stratégiques, il invente des boucles atypiques et curieuses qui induisent un rapport nouveau avec la voix de l’instrument.

L’intérêt de ce disque qui sort lui aussi en vinyle, tient ainsi dans la relation induite par la contrainte volontaire (le dernier 33 tours utilisé, par exemple, a été choisi au hasard). Par un travail d’improvisation et de légère relecture, Nicolas Stephan ne se laisse finalement pas déstabiliser et parvient de manière fructueuse à créer un monde original qui met en valeur son chant intérieur et révèle une solitude habitée.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 25 juin 2023
P.-S. :