Chronique

Daniel Erdmann - Bruno Angelini

La dernière nuit

Daniel Erdmann (ts), Bruno Angelini (p)

Plus connus en Allemagne qu’ici, les deux jeunes étudiants, Sophie et Hans Scholl, frère et sœur, ont eu le courage de s’élever contre la barbarie nazie en 1942 en participant au réseau de résistance Rose Blanche. Pétris de culture, avec l’idéal humaniste comme étendard, ils furent faits prisonniers suite à des diffusions de tracts dénonçant la dictature fasciste, puis exécutés. C’est en hommage à ces personnalités exemplaires que le pianiste Bruno Angelini et le saxophoniste Daniel Erdmann ont construit le répertoire de La Dernière Nuit.

S’appuyant sur un texte écrit, pour l’occasion, par l’écrivain Alban Lefranc (accessible sur le site de Bruno Angelini) qui donne, par ailleurs, l’occasion d’une forme théâtralisée avec la comédienne Olivia Kryger, le duo ne propose pas une musique platement illustrative. Le grain épais et tendre de Daniel Erdmann apporte incarnation et chaleur à ce duo. Par des interventions cristallines et délicates, le pianiste lui sert d’écrin et détourne l’usage de son imposant instrument pour en faire un interlocuteur fragile et discret.

Tout le jeu est d’ailleurs là. Avec un certain classicisme dans la répartition des voix qui introduit beaucoup d’élégance, les deux interprètes mettent en place un dialogue permanent où sont respectés les dynamiques et l’art de la nuance. Une ambiance recueillie et jamais compassée naît de cet échange d’où se dégage un sentiment d’étrangeté et d’incertitude qui ouvre à beaucoup de poésie. C’est surtout une manière sensible d’évoquer, au plus près, ces deux grands sacrifiés, sans tomber dans un commémoration pesante, mais plutôt en convoquant leur mémoire dans un ressenti musical à hauteur d’homme et de femme,.