Chronique

Ornicar

Maelstrom

Joachim Machado (g, fx), Côme Huveline (dms, fx), Renan Richard (bs, fx, objets)

Label / Distribution : Autoproduction

En écoutant le Bissap Sextet, il y a quelques années, nous avions conclu que les jeunes gens talentueux de cet orchestre construit autour du saxophoniste (et multi-instrumentiste) Renan Richard méritaient beaucoup d’attention, à condition de se cabosser un peu ; réduits de moitié avec le trio Ornicar, ils semblent être arrivés à leurs fins. A l’écoute du tranchant « Greffier » qui ouvre l’album, on s’en convainc. La guitare de Joachim Machado, grasseyante et pleine de blues, trace une route directe et escarpée dans un blues truffé de détails. Plus loin, avec « Triboulet », il suppure même d’une électricité fébrile, pleine des surprises que révèlent les accessoires de Richard, du glockenspiel au Toy Piano… Mais aussi des riffs vraiment malins du guitariste, soutenu par la batterie toujours impeccable de Côme Huveline.

Clairement, les influences d’Ornicar vont vers le Power Trio à la française, avec le saxophone baryton qui découpe la rythmique à l’envi, et qui pousse ses petits camarades dans leur derniers retranchements, ajoutant de la tension à un climat déjà chauffé par un blues huileux et élégant (« Supernova »). Mais Ornicar avoue également un léger penchant pour une pop éthérée et parfois un peu maniérée, a fortiori lorsque la basse de David Sultan vient rejoindre le trio. Sur « Choral », le climat est languide, parfois pesant, et Joachim Machado adopte une posture plus atmosphérique. C’est un chemin nécessaire qui nourrira les développements futurs, même si l’énergie des plages plus rocailleuses est clairement plus aboutie.

Au risque de se répéter, Côme Huveline est un nom à retenir. Puissant et souple à la fois, son drumming fait merveille sans renverser la table ou virer à la démonstration. Sur « Granit », son ouverture est à la fois complexe et fluide, pleine d’espace. Cet espace, que Richard occupe avec des claviers vintage, c’est Huveline qui le génère. Ce premier album est à l’image de ses auteurs, touche-à-tout et curieux. L’expérience venant, la musique gagne en tanin et en créativité. Ça ne s’arrêtera pas en si bon chemin.