Chronique

Positive Catastrophe

Garabatos Volume One

Taylor Ho Bynum (cnt, bugle), Abraham Gomez-Delgado (perc, voc), Jen Shyu (voc, erhu), Mark Taylor (cor), Reut Regev (tb), Matt Bauder (cl, saxes), Michael Attias (bs), Pete Fitzpatrick (g), Alvaro Benavides (eb), Keith Witty (b), Tomas Fujiwara (dm)

Label / Distribution : Cuneiform Records/Orkhêstra

Comme la plupart des musiciens actuels, le cornettiste Taylor Ho Bynum (voir notre entretien) joue dans de multiples formations, parmi lesquels son propre sextet, le groupe SpiderMonkey Strings ou les orchestres d’Anthony Braxton et Bill Dixon. Parmi toutes ces aventures, Positive Catastrophe est une des plus récentes et des plus excitantes. Ce mini big band de onze musiciens redonne des couleurs au genre en puisant son inspiration dans sa grande histoire mais aussi dans la salsa et le jazz contemporain.

La musique de Positive Catastrophe est tout à la fois : rythmes et couleurs sud-américains, musiciens plutôt issus de la scène jazz contemporaine et dont les solos apportent une grande ouverture, arrangements et compositions dignes des grands orchestres de l’histoire du jazz… L’ensemble demeure pourtant cohéren : Taylor Ho Bynum et Abraham Gomez-Delgado ont fait fusionner toutes ces influences pour créer une musique originale et décomplexée où chaque musicien trouve sa place, notamment Jen Shyu qui navigue entre chant jazz et populaire. La base rythmique, assurée par la batterie, les percussions, la contrebasse et/ou la basse élastique (« Post Chordal »), est dansante, La chaleur des cuivres et du saxophone baryton (grandiose Michael Attias sur « Post Chordal ») assurant le liant pendant que les solistes nous régalent (Bynum sur « Plena Organization » ou sur « Plena Quicksand Monument », Matt Bauder sur « Travels Parts 1 & 2 ») au milieu de ces multiples voix instrumentales entrelacées qui forment un canevas riche aux saveurs cubaines. « Travels Parts 3 & 4 » résume bien le disque : première partie en studio, seconde en live. Et c’est surtout sur celle-ci qu’on sent le plaisir de jouer, outre la jubilation de l’auditoire. Quelle fiesta, quelle ambiance ! On croirait entendre les petits-enfants de Mingus brasser avec succès les influences, faire exploser les frontières musicales avec un même bonheur collectif.

Positive Catastrophe, c’est un peu comme si Cuba rencontrait le jazz contemporain et la musique de bal, le tout joué par un orchestre formidable, jamais à l’abri d’un dérapage contrôlé… Cette auberge espagnole propose une musique jouissive et magnifiquement interprétée.