Chronique

Taylor Ho Bynum & SpiderMonkey Strings

Madeleine Dreams

T.H. Bynum (cnt, bugle), K. Kitamura (voc), J. K. Hwang (vln), J. Pavone (alto), T. Ulrich (cello), P. Fitzpatrick (g), J. Daley (tu), L. Gray (dm)

Parmi les nombreux groupes de Taylor Ho Bynum figure un octet au carrefour du jazz, de l’improvisation et de la musique de chambre contemporaine : SpiderMonkey Strings. Madeleine Dreams, son deuxième album, est inspiré d’un roman de la sœur du cornettiste et leader, Sarah Shun-Lien Bynum, intitulé Madeleine Is Sleeping. sous forme de suite en six parties. Bynum s’en sert comme prétexte pour travailler sur l’imaginaire du rêve et à sa logique si particulière. La voix de Kyoko Kitamura dit ou chante alternativement les textes. La musique - narrative, illustrative et évocatrice - « colle » à cette voix, en ponctue le rythme propre et apporte des couleurs d’une belle richesse, grâce aux cordes frottées ou pincées (guitare, violon, alto et violoncelle), à la batterie discrète - voire délicate - et inventive Luther Gray, et aux cuivres (le tuba de Joseph Daley, le cornet du leader). Peu de solos ici, mais une architecture originale baignant dans une atmosphère musicale étrange, flottante et surprenante, en un mot fantasmagorique. Un conte musical moderne.

Viennent ensuite trois reprises en l’honneur des idoles de Bynum : Duke Ellington, Ornette Coleman et Sun Ra, trois compositeurs choisis pour leur imaginaire original. La réinterprétation est passionnante (Bynum estime que cette instrumentation inhabituelle est taillée pour jouer des standards). Il faut écouter « The Mooche » du Duke, qui retrouve ici une jeunesse jubilatoire ! Le groupe se présente ici sous un aspect beaucoup plus jazz. Avec autant de facettes, il est sans doute promis à un bel avenir.