Scènes

Regina Carter - Jazz à Vienne 28/06/10

Renversante…


Foulant pour la première fois la scène de Jazz à Vienne, Regina Carter a fait forte impression. Entourée d’une formation de belle qualité, cette musicienne d’exception (une des très rares femmes violonistes de jazz) a développé pour un public sous le charme, toute la variété de son jeu, basé sur des métissages multiples.

Décidément, le métissage est le fil conducteur de ces premières soirées de Jazz à Vienne. Sa version la plus aboutie restera l’œuvre de la renversante Regina Carter qui, pour la première fois en trente ans d’existence du Festival, monte sur la scène du Théâtre antique. Une vraie découverte. Cette musicienne accomplie n’a aucun mal à donner de multiples preuves de sa technique confondante et de son talent protéiforme. Pas étonnant qu’elle enseigne le violon jazz au sein du célèbre Berklee College of Music.

Non seulement elle explore via son archet les interactions entre le jazz et les musiques traditionnelles d’Afrique de l’Ouest (notamment du Mali), mais elle y rajoute, pour faire bonne mesure, quelques détours du côté de la musique classique ou de la country ! Le risque était grand que ces divers apports ne se fondent pas bien dans le grand chaudron du jazz. Elle a su y échapper. Et ce mariage réussi tient autant à la richesse de ses improvisations qu’à la qualité de ses musiciens.

Regina Carter © J.-L. Chauveau

Côté influence africaine, on trouve le Malien Yacouba Sissoko à la kora, cette harpe-luth mandingue à 21 cordes de plus en plus présente dans le jazz comme on a pu récemment s’en rendre compte lors du dernier Fort en Jazz de Francheville, lors d’un concert mémorable mettant face à face la kora et le violoncelle avec Ballaké Sissoko et Vincent Segal. Outre un batteur extatique au jeu spectaculaire, Alvester Garnett, on retrouve ce bon vieil accordéon musette popularisé dans sa version jazz par Richard Galliano et dont les boutons de nacre sont ici maniés de main de maître par Will Holshouser. On a ainsi droit à un magnifique duo accordéon/violon flirtant avec la musique contemporaine. Regina Carter est une adepte de la rupture… mélodique.

Avec une telle technique, elle pourrait se permettre de faire de l’épate. Mais non. Elle préfère explorer sans cesse de nouvelles contrées et offrir des paysages sonores d’une incroyable variété. On reproche à certains musiciens de jouer souvent la même chose. Regina Carter, elle, au fil de ce concert trop court [Surtout au vu ce qui suivra, à savoir un Manhattan Transfer sans âme.]], ne cesse de nous étonner. Elle chante pour terminer une mélopée aux sonorités africaines. La boucle est bouclée, retour aux sources du jazz : Mama Africa.

Line-up : Regina Carter (vln), Balla Tounkara (kora), Will Holshouser (acc) Chris Lightcap (b), Alvester Garnett (dms, perc).