Chronique

Roforofo Jazz

Fire Eater

Martin Smith (g), Benjamin des Gachons (kb), Laurent Dumont (bs, fl), Gael Fajeau (tp), Fabien Sautet (dms), Gregory Hector (b), Days aka Racecar (voc)

Label / Distribution : OfficeHome Records

Roforofo Jazz ? Du jazz « boueux » (en yoruba, la langue du Nigeria).

Du jazz – on vous le confirme, ça sonne ! – auquel s’ajoute un qualificatif en forme de pied de nez ou de clin d’œil à la liberté du jazz, à tout ce que le jazz englobe dans son sens le plus extensif : « On en fait notre truc, quelque chose de dirty, qui mêle afro, groove, vintage… en y ajoutant par-dessus du hip-hop » nous précise l’instigateur du projet, Martin Smith. Après tout, l’afrobeat est dérivé du high-life, lui-même dérivé du jazz et de la soul, non ?

Flash-back :
- Il y avait notre collectif préféré (qui poursuit toujours, sous un autre format) à savoir les douze musiciens Les Frères Smith dont le guitariste Martin Smith, un des fondateurs – also known as Elvis Martinez Smith - est parti fin 2016. Mes genoux de danseuse à l’époque se souviennent encore de leur concert sur la péniche du Petit Bain à Paris en 2015, avec en invité Oghene Kologbo – le guitariste de Fela Kuti dans les années 70 puis de Tony Allen.
- Il y avait le collectif (pour le moment mis en stand-by) de dix musiciens Afro Latin Vintage Orchestra, unis sous l’impulsion du percussionniste Masta Conga (qui développe plus personnellement aujourd’hui son influence en tant que producteur hip-hop), groupe rien moins que playlisté par Gilles Peterson, dans lequel jouait Martin. Je m’en souviens aussi en live à l’Alimentation Générale en février 2015 notamment, lorsqu’ils accueillaient en invité le MC Racecar.

Depuis, Martin Smith œuvre à la structuration d’un groupe plus resserré de six musiciens – peut-être moins contraignant en termes de booking, une mission qu’il a pris l’habitude de prendre à sa charge également - augmenté d’un MC en la personne de Racecar.

Martin compose les bases de morceaux et les envoie aux musiciens de sa formation, « afin qu’ils les émancipent » : Benjamin Des Gachons aux claviers, Laurent Dumont aux saxophone et flûte, Gaël Fajeau à la trompette, Fabien Sautet à la batterie, Gregory Hector à la basse. Martin s’entoure de proches : le bassiste est un ami de 20 ans, également fondateur des Frères Smith en 1998, le batteur – membre de Los Tres Puntos - figurait sur le deuxième album des Frères Smith, et le clavier faisait partie de Afro Latin Vintage Orchestra. La section guitare basse batterie tournait par ailleurs en live au sein du OK Band de Oghene Kologbo.

Désormais soudé - après un voyage initiatique pour jouer au Nigéria à l’occasion de la Felabration 2019, la grand-messe dédiée au Père Fondateur tenue chaque année à Lagos - le groupe a enregistré un premier EP en conditions live à Montreuil en novembre 2019. Ces cinq titres entre jazz, afrobeat, hip-hop et une touche d’éthio-jazz, sortent le 15 janvier 2021 sur le label de Martin, Office Home Records. Le MC Racecar n’est pas là pour « faire une pige », un « featuring », mais a été associé à la fabrication collective, et ça change tout à l’écoute.

Roforofo Jazz en a évidemment sous le pied : d’autres titres ont été enregistrés, mis en attente d’en savoir davantage sur les conséquences de la crise sanitaire... On a comme une furieuse envie de les voir et de les entendre sur scène(s), celles de Banlieues Bleues, de Jazz Sous Les Pommiers, de Jazz à Vienne, de Nancy Jazz Pulsations, etc…
Du hip-hop ethno jazz de France de qualité, allez !