Tribune

Sonny Rollins

Descriptif :
33 + 45 = 78
Chronique actuelle d’un disque 33 tours, ou 45 tours, ou même 78 tours !


Saxophone Colossus est probablement, de Sonny Rollins, le disque qui a connu le plus grand succès commercial, le plus grand nombre d’éditions, et celui dont la version originale chez Prestige, en 33 tours, est la plus recherchée. Nous avons privilégié ici la version française dont la pochette est due à Jean Vern, un illustrateur qui s’est fait connaître plutôt par ses pochettes de blues, mais qui a réalisé trois éditions françaises de jazz, toutes chez Barclay/Prestige, un Monk, un Dolphy et ce Saxophone Colossus de Sonny Rollins. Nous avons aussi mis en image la publication originale anglaise de chez Esquire, dont le son est superlatif, meilleur que la version « made in USA ».

Album dans l’ensemble très sage quand on le compare à cet autre Prestige qui a nom soit Tour de Force, soit Sonny Boy, et qui date de quelques mois plus tard en 1956, avec toujours Max Roach à la batterie mais Kenny Drew au piano et George Morrow à la contrebasse. Dans « B. Quick » et « B. Swift » totalement déchaîné, il pousse les variations sur Cherokee là où Parker les avait menées et laissées dans son illustrissime « Ko-Ko ». Par contre les versions qu’il donne dans le présent disque de « St Thomas » et autre « Moritat » (Mack The Knife) sont parfaites d’élégance et de paisible logique.

Au fond, Saxophone Colossus est l’exemple même du disque équilibré, ou Rollins fait valoir à la fois sa science de la variation amplifiante, son intérêt pour les rythmes caribéens, et la beauté d’un son plein qui doit beaucoup à son grand ancêtre Coleman Hawkins. On trouve facilement en réédition les prises effectuées ce jour là à Hackensack, sous la houlette de Rudy Van Gelder.