Chronique

Sviti

Sviti

Renaud Vincent (bs), Romain Bouez (keyb, elec, fx), Damien Bernard (dms)

Label / Distribution : Autoproduction

Dans une cinquantaine d’année, si la Terre a survécu aux crises climatiques, aux guerres thermonucléaires et aux disques de Miley Cyrus, peut-être les scientifiques répondront à l’un des grands mystères de ce début du XXIe siècle : Pourquoi quasiment tous les power trio français naissent en région Rhône-Alpes  ? Micro-climat ? Pression atmosphérique ? Conséquences de Tchernobyl ? Après Kouma, Umlaut ou encore Spoo, voici donc Sviti, originaire de Chambéry, qui signe ici son premier album.

La recette est connue, elle n’en est pas moins efficace  : A la manœuvre, le batteur Damien Bernard impose avec virulence un drumming impitoyable que vient, sur « Afrikan B », découper le saxophone baryton de Renaud Vincent. Les basses synthétiques de Romain Bouez apportent en revanche une touche originale, surtout lorsqu’elles viennent acidifier les ruptures rythmiques soudaines et les pulvérisations multiples. Le groupe pourrait se contenter de cette course échevelée sur la brèche et relancer la machine à coup de riffs électroniques, comme ce « Route 54 » tracé tout droit où Vincent se fracasse sur l’épaisse masse sonore de ses deux comparses. Mais Sviti cherche la nuance  ; dans ce disque extrêmement trapu, des épisodes plus placides, à défaut d’être totalement calmes viennent donner du relief, même s’ils peuvent parfois s’avérer quelque peu lisses.

Le long « Radio Heat » se bâtit ainsi sur un ronronnement persistant sur lequel s’amalgament quelques grincements de cymbales et un saxophone. Bien qu’apaisé, ce dernier n’a de cesse de débusquer la moindre petite écorchure pour s’évader de la masse et donner du mouvement. Très vite, on pense à d’autres formations comme Irène ou Lunatic Toys, qui sont des influences évidentes. En Islandais, Sviti veut dire sueur  ; elle est ici fébrile et rageuse. On pourrait espérer d’avantage de saturation et de soudaineté dans le modèle que présente le trio. Mais les chocs de « Aqno » qui closent l’album dans un déluge laissent songer qu’il convient de garder un œil sur ce jeune groupe. Ne serait-ce que pour comprendre l’influence alpestre sur l’énergie brute.