Chronique

Sweetest Choice

Trois oiseaux

Sébastien Cirotteau (tp), Benjamin Glibert (g)

Label / Distribution : Mr Morezon

C’est un très bel album que ce Trois oiseaux. Très beau réellement. En revanche, ne cherchez pas : la carrière des deux musiciens qui l’ont réalisé est carrément confidentielle. Sébastien Cirotteau et Benjamin Glibert sont en effet des inconnus ou quasiment. On croise éventuellement celui-ci dans Aquaserge un groupe mi-rock, mi-chanson teinté de psychédélisme tandis que celui-là, lui aussi chez Aquaserge, navigue surtout dans les eaux de l’improvisation la plus totale.

L’esthétique de Sweetest Choice ne tient ni de l’un ni de l’autre. Le duo propose une musique très écrite qui fait la part belle à une série de « grands thèmes ». On croise des œuvres du XVIe au XXe siècles, signées par des compositeurs qui vont de Francisco Guerrero à Ariel Ramírez en passant par Bach, Schubert, Debussy ou encore Piazzolla. Des revisites, donc, que ce duo a choisi de placer dans un registre très intimiste. Que Benjamin Glibert ait opté pour une guitare 12 cordes donne un cachet bien particulier. Pas de chorus note à note mais une ambiance, installée dès le premier morceau. « Si la noche haze escura » sonne en effet comme une pièce médiévale - elle est Renaissance en fait - au point qu’on imagine les musiciens en habits de troubadours. L’album se termine avec une interprétation particulièrement réussie de la poignante « Alfonsina y el mar » puisqu’ils épurent ce morceau pour en tirer tout le désespoir qui en fait l’essence. Épure pourrait être d’ailleurs le mot le plus adapté pour qualifier cet album. Les phrases vont à l’essentiel, sans chichi ni atours clinquants, et l’émotion en est bien sûr d’autant plus grande.