Chronique

Edward Perraud

Hors temps

Edward Perraud (d), Bruno Angelini (p), Arnault Cuisinier (cb), Erik Truffaz (tp on tracks 4, 7)

Label / Distribution : Label Bleu

Inutile d’y aller par quatre chemins, le dernier-né d’Edward Perraud est superbe. Certes, on n’en attendait pas moins de la part d’un musicien qui, systématiquement, propose des musiques géniales. En témoigne, si besoin est et parmi plein d’autres projets, sa participation avec Hasse Poulsen et Daniel Erdmann, à Das Kapital.

Hors temps, c’est une nouvelle fois en trio avec le pianiste Bruno Angelini et le contrebassiste Arnault Cuisinier. La formule semble classique mais on est loin de musiques déjà entendues. Ce que font les trois musiciens est peu commun et enthousiasmant. Il est pertinent de faire le lien avec le titre du disque et de certains morceaux : « Hors temps », « Hors sol », « Hors piste » et « Hors la loi », on comprend qu’il faut aller chercher dehors.
Mais, et c’est très certainement la marque des grands disques, on est complètement dedans puisque, derrière ces « hors » assumés voire constitutifs de la démarche, les neuf pistes de l’album sonnent bien réelles.
Erik Truffaz intervient sur deux morceaux, « Flower of Skin » et « Neguentropie ». Là encore, c’est ajusté au millimètre et jamais sa trompette ne s’apparente à une pièce rapportée. Son jeu, qu’on a quelquefois qualifié de minimaliste ou d’économe, s’inscrit pleinement dans un registre qui va à l’essentiel, sans chichi ni faux apparats.
On a glosé sur le renouveau qu’E.S.T. a apporté au trio piano, basse, batterie, dans les années 1990-2000, on pourrait en dire autant du trio entre Perraud, Angelini et Cuisinier, même si c’est dans un registre différent. Il se passe quelque chose de fort ici et il serait fort dommage de passer à côté.