Chronique

Sylvain Daniel

Pauca Meae

Sylvain Daniel (b), Guillaume Poncelet (tp), Sophie Agnel (p), David Aknin (dm), Johan Renard et Anne Le Pape (vl), Cyprien Busolini (vl alto), Jean-Philippe Feiss (violoncelle)

Label / Distribution : Kyudo Records

Après Palimpseste dans lequel il parcourait, à sa manière, la ville de Detroit, Sylvain Daniel construit une nouvelle pérégrination, cette fois d’inspiration littéraire. En prenant comme appui le Livre IV des Contemplations de Victor Hugo, il transmute une épreuve personnelle (une séparation) en refuge musical.

Pas de deuil larmoyant pour autant : le disque est traversé d’un souffle distingué et distancié qui en fait la valeur et suscite une immédiate adhésion. Parsemé des poèmes de Hugo interprétés avec justesse par le comédien Olivier Augrond, les climats oscillent entre des atmosphères sereines introspectives et des agitations très actuelles. Surtout, les cordes apportent un supplément d’élégance et tirent les musiques vers une dimension cinématographique.

La distribution des rôles dévolus à chacun participe pleinement à la réussite générale. Entouré par un quartet resserré, le bassiste (qui déploie une variété de timbres toujours intelligemment sélectionnés sur son instrument), utilisent, en effet, de manière orchestrale les savoir faire à sa disposition. Les pianos en suspens de Sophie Agnel comme la batterie grooveuse de David Aknin organisent des tableaux réussis mais c’est certainement la trompette MilesDavisienne de Guillaume Poncelet qui accroche immédiatement l’oreille dans les parties les plus tumultueuses.

Avec un soin accordé à l’organisation des couleurs, un sens de l’équilibre et de la retenue, ce répertoire se situe aux frontières de plusieurs esthétiques sans s’éparpiller le moins du monde. Ce parcours séduisant et sans faiblesse que clôt un final en majesté en fait une œuvre de qualité autant qu’un objet irrigué d’une sincère et, tout compte fait, profitable mélancolie.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 7 février 2021
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