Chronique

The Source

... But Swinging Doesn’t Bend Them Down

Øyvind Braekke (tb), Trygve Seim (ts), Mats Eilersten (b), Per Odvar Johansen (dms)

Label / Distribution : Odin Records

L’histoire de The Source, quartet norvégien animé entre autre par le tromboniste Øyvind Braekke, est assez ancienne. Dans les années 90, c’est avec le bassiste Ingebrigt Håker Flaten que le groupe se produisait, déjà dans un paradigme colemanien, tendance Ornette : le premier album, datant de 1994, s’ouvrait sur « Blues Connotation » du Texan ; quant au nom de l’album, Olemans Kornett, qui a beau sonner comme du norvégien, il ne laisse que peu de doute. Depuis, c’est Mats Eilersten qui a remplacé Flaten avec ce son très rond que l’on avait déjà repéré dans l’excellent Reveries & Revelations et qui fait merveille dans « Something Motion » où son entente avec le batteur Per Odvar Johansen est l’un des gros points forts de cet orchestre. Une entente qui se perpétue sur « Responsorium » qui rassemble le quartet sur un groove simple et direct que le trombone de Braekke va s’ingénier à déconstruire avec verve.

C’est d’ailleurs ce qui définit au mieux The Source : une musique simple et directe, qui cherche avant tout l’énergie, en témoigne « Momk », un des rares morceaux du saxophoniste Trygve Seim dont l’entente avec son comparse tromboniste est l’autre clé de The Source. Dans ce morceau, loin de la langueur de « Theme For Alvar Wirkola » où la batterie tient une ligne de front comme une mitraille lointaine, un roulement d’orage, le ton est à la fête, presque fanfaron. C’est la complicité entre Seim et Braekke qui entraîne d’ailleurs le quartet dans une forme d’insouciance et de joie de vivre, entamées par le court « Rustelur », joué droit devant et au son volontairement sale qui sonne comme un réveil soudain. Loin de l’album sobrement intitulé The Source, paru chez ECM en 2006, au son très ample, qui éloignait les deux soufflants...

Avec ...But Swinging Doesn’t Bend Them Down, The Source y revient, aux sources. Paru sur le label ODIN, avec une pochette qui présente les membres de l’orchestre comme des avatars des Monty Python un peu foutraques, les Norvégiens ont retrouvé une énergie qui était celle des débuts, et qui fera songer, de loin en loin, à d’autres orchestres comme Papanosh. De belles retrouvailles pour ce groupe qui n’avait pas enregistré depuis quasiment dix ans.