Sinikka Langeland

Sinikka Langeland est moins connue par le public francais que le quartet de musiciens qui l’accompagnent. Elle n’en est pas à son coup d’essai et pas moins de sept albums sont parus sous son nom chez ECM avant Wind And Sun. Âgée de soixante-deux ans, cette artiste discrète a commencé par étudier le piano et la guitare, s’intéressant parallèlement à la chanson et aux airs scandinaves. C’est à l’âge de vingt ans qu’elle décide de se consacrer à l’apprentissage du kantele, ce dulcimer traditionnel issu de Finlande et muni de trente-neuf cordes.

Wind And Sun est principalement tourné vers la relation de l’Homme avec la nature. Les mélodies au parfum de Carélie, d’où est originaire la mère de Sinikka Langeland, sont inspirées par l’époque médiévale et le folklore nordique. Les textes n’ont rien d’ancestral : ils sont écrits par le poète et romancier Jon Fosse, auteur contemporain renommé en Norvège. Une plénitude se dégage de l’album dès les premières notes, l’écoute entre les musiciens se bâtit méticuleusement.

Les variations mélodiques sont construites en fonction de la teneur des airs interprétés par la chanteuse, qui donne une dimension spectrale à la musique avec sa voix plaintive. L’utilisation du kantele façonne les diverses interprétations, en étant au cœur du processus musical. Les cordes de l’instrument traditionnel, que l’on utilise à plat, sont pincées avec les doigts pour jouer les arpèges ; les détails mélodiques sont alors étoffés. Il y a peu de prises de risque de la part des soufflants, Mathias Eick et Trygve Seim : leurs interventions millimétrées tombent chaque fois à pic. Les contrastes les plus opportuns adviennent avec le son boisé de la contrebasse de Mats Eilertsen, la perspective mélodieuse laissant deviner là aussi une entité écologique.

« When The Heart Is The Moon » et « Hands That Held » demeurent les deux grandes réussites de Wind And The Sun, album accessible qui plaira avant tout aux amateurs d’un jazz mâtiné de folk.