Chronique

Yamabiko Quintet

Michel Pilz (bcl), Reiner Winterschladen (tp), Frank Paul Schubert (as), Christian Ramond (b), Klaus Kugel (dms).

Label / Distribution : Nemu Records

Ce n’est pas seulement un quintet d’outre-Rhin que l’on a plaisir à entendre ici mais bien un All Stars de musiciens qui ont donné leurs lettres de noblesse aux musiques improvisées. Ces cinq individualités se sont réunies dans cette formation, Yamabiko, du nom d’une composition de Michel Pilz, et ont enregistré huit compositions à Cologne.

Le vétéran Michel Pilz, ancien membre du Globe Unity Orchestra d’Alex Von Schlippenbach et du Manfred Schoof’s Ensemble, est ici très en verve. Depuis longtemps, ce musicien s’est entièrement consacré à la clarinette basse, devenant un interprète de référence de cet instrument. À la trompette, Reiner Winterschladen a épousé toutes sortes de musiques, passant allègrement du rock à l’électro sans oublier ses expérimentations avec Ali Haurand ou Tony Oxley. La sonorité ample et chaleureuse de Frank Paul Schubert au saxophone alto remplit l’espace et propose des interventions solistes endiablées. La paire rythmique composée par le contrebassiste Christian Ramond et le batteur Klaus Kugel ne manque ni d’imagination ni d’énergie.

L’ensemble des compositions fait preuve d’une unité créée par les unissons de la clarinette, de la trompette et du saxophone : c’est ce qui se passe d’emblée avec « Bow » qui ouvre l’album. « Sandrinella », superbe pièce composée par le défunt trompettiste japonais Itaru Oki, laisse libre cours à une suite d’improvisations des souffleurs très inspirés qui se laissent porter par le jeu de cymbales fertile du batteur. Les ballades ne sont pas en reste : « Layered History » s’enrichit de la sonorité d’un Frank Paul Schubert très fécond. Les développements musicaux renvoient à la musique afro-américaine, aisément reconnaissable dans le jeu de Michel Pilz, héritier en droite ligne d’Eric Dolphy. La richesse de cette musique prend une ampleur particulière lorsque des abstractions envahissent les thématiques comme dans « Curled Up ».

L’engagement viscéral dont fait preuve le Yamabiko Quintet témoigne d’une vivacité fondée sur une maturité collective. Un enchantement.

par Mario Borroni // Publié le 7 janvier 2024
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