Chronique

Valentina Fin

A chi esita

Valentina Fin (voc), Manuel Caliumi (as), Luca Zennaro (g), Marco Centasso (b), Marco Soldà (dms).

Label / Distribution : Giotto Music

Aucune hésitation possible : en dépit de son titre, cet album célèbre le chant et les paysages contrastés qui habitent l’art de Valentina Fin. Depuis les débuts de son parcours musical, commencé à l’adolescence sous la tutelle du compositeur et arrangeur Roberto Clerici à l’Académie du chant d’Arzignano, cette chanteuse a fait de la recherche vocale l’un de ses objectifs prioritaires. Le jazz lui a permis d’élargir ses horizons musicaux avec l’obtention d’une licence de chant au conservatoire Arrigo Pedrollo de Vicenza. Depuis, les projets et les rencontres se succèdent. Sheila Jordan, Stefano Battaglia, Barry Harris et avant tout Norma Winstone, à qui elle voue une grande admiration, ont croisé sa route.

A chi esita succède à une lignée d’albums variés où Valentina Fin s’immisçait dans des explorations sans cesse renouvelée ; ses vocalises apparaissent ici comme suspendues à une voûte céleste. Le concept de l’album est une invitation à la découverte d’un conte musical. Une forme de spiritualité se diffuse imperceptiblement ; Manuel Caliumi au saxophone alto et Luca Zennaro à la guitare essaiment des échos contrastés dans les chants qui se succèdent, leurs tempéraments symétriques permettent les envols de Valentina dans « Piccola ode al cambiamento » et dans l’incisif « Dreams Are Dangerous » inspiré par les travaux du neurologue et écrivain Oliver Sacks. Valentina Fin dévoile son intériorité, tantôt évanescente et crépusculaire, tantôt éclatante et enthousiaste. Les intermezzos bienvenus que sont « QQ », « Quasi un madrigale » dont les paroles sont issues d’un poème de Salvatore Quasimodo et « Langsamer », très bel éloge de la lenteur, esquissent une poétique minimaliste. La chanteuse y laisse pleinement respirer ses intonations vocales, permettant ainsi à la syntaxe de s’épancher avec délicatesse. Le souffle de la respiration devient solennel.
L’intensité propagée dans « Indefinitely » baigne dans les rythmes développés par le contrebassiste Marco Centasso et le batteur Marco Soldà qui font naître une allégresse riche d’interactions musicales.

L’authenticité avec laquelle Valentina Fin prodigue son chant dans les huit pièces musicales s’impose de façon naturelle. A chi esita est une réussite collective et nous rappelle combien la voix humaine est indissociable de tous les aspects mystérieux et authentiques de la vie.