Chronique

Vincent Martial

La Cloche qui résonne

Vincent Martial, Bertrand Fraysse, Marc Siffert, Camille Emaille, Elsa Jauffret, Jean-François Olivier

Label / Distribution : Mazeto Square

Fruit du travail du flûtiste - et luthier - Vincent Martial, La Cloche qui résonne a tout de cette musique du geste, où le spectre sonore circule entre les improvisateurs et dépend d’une harmonie des mouvements et du rapport au temps. Une musique artisanale, sans l’aspect parfois méprisant du mot, mais au contraire comme une science de l’objet et de la manufacture. La Cloche qui résonne, ce sont sept musiciens, du contrebassiste Marc Siffert à la percussionniste Camille Emaille. Des bourdons, des souffles, de trouvailles de glissando, on en trouve à foison dans ce disque attirant par son étrangeté. Les climats de la Cloche qui résonne ont un aspect magnétique, sondant des territoires inconnus ou hors d’échelle, comme les ronflements sauvages de « Drop & Undrop » de la créatrice sonore Elsa Jauffret.

Les instruments inventés par Vincent Martial n’ont rien de machines infernales : ils jouent sur la pression du souffle et les surfaces idiophones, comme on l’entend dans « Briser la glace » du percussionniste Jean-François Olivier. La musique qui s’écrit sur les objets de Martial (on pensera, en comparaison, au travail du Spat’Sonore) a parfois des allures industrielles (« Insistencia ») mais se distingue par une grande sensibilité qui peut aussi s’apprécier dans un film qui montre ce travail, édité chez Mazeto Square, un label important pour sa volonté de fonctionner au coup de cœur et de soutenir des projets comme celui-ci.