Chronique

Yilian Cañizares

Erzulie

Yilian Cañizares (vln, voc), Childo Tomas (b, kalimba), Inor Sotolongo (perc), Charles Burchell (dms & keyboard), Paul Beaubrun (guitars & backing voc). Christian Scott (tp), Michael League (b), Bill Laurance (p), Bobby Sparks (orgue) ou Justin Stanton (claviers).

Label / Distribution : Planeta Y

Sorti en novembre 2019, Erzulie est le quatrième album de la violoniste et chanteuse cubaine de 32 ans, Yilian Canizares, installée en Suisse à Lausanne.

Pour notre part nous avions retenu son nom en la découvrant aux côtés d’Omar Sosa sur les scènes de festivals d’été 2019 avec leur album précédent, Agua.

L’album Erzulie, dont la marque distinctive est le syncrétisme musical, a été imaginé à Haïti et conçu à la Nouvelle-Orléans où la chanteuse a reçu la visite de pointures comme Christian Scott (trompette), Michael League (contrebasse), Bill Laurance (piano), Bobby Sparks (orgue) ou Justin Stanton (claviers).

Frappée lors de son premier voyage en Haïti en 2017 par les similitudes avec Cuba en termes de joie de vivre, de danse, de musique, de spiritualité, la chanteuse explique qu’elle a voulu mettre en exergue l’héritage africain commun aux îles des Caraïbes et la créolité du berceau des musiques noires qu’est la Nouvelle-Orléans.

Yilian dédie l’album à l’énergie féminine, à une déesse de la force et de la douceur. Elle entend mettre en avant, à travers le regard d’une femme d’aujourd’hui, les afro-descendants, les enfants créoles d’Haïti, de Cuba, de la Nouvelle-Orléans.

Le choix du nom de son groupe, The Maroons (la communauté des esclaves fugitifs d’origine africaine), s’inscrit dans cette idée de rappeler la brutalité de l’esclavage dans les Caraïbes et la flamme de la lutte pour la dignité humaine. On y trouve le percussionniste cubain Inor Sotolongo ou encore le guitariste chanteur haïtien Paul Beaubrun.

Les textes sont chantés en dialecte afro-cubain yoruba (« Yéyé, Yemaya »), en créole haïtien (« Erzulie, Noyé »), en espagnol.

Mais pour exprimer sa culture sans tomber dans la carte postale, la violoniste a choisi de mélanger systématiquement les percussions avec de l’électronique, d’accorder une large place à toutes ses autres influences musicales, et de n’intégrer aucun tumbao – la structure rythmique caratéristique du son cubain, de la salsa.

De fait, le projet s’écoute comme douze titres de « global sound », entre chœurs, solo de violon virtuose, folk, beats, uptempo des percussions, jazz funk des invités issus de Snarky Puppy.