Chronique

Franck Médioni, Louis Joss

Une histoire du bebop

Label / Distribution : Editions du Layeur

Encore le bebop ?
Franck Médioni aurait-il mobilisé quelques « chutes » de ses recherches à l’occasion de sa récente biographie de Charlie Parker ? Il n’en réussit pas moins le tour de force de restituer la genèse du jazz moderne dans un texte sans fard, slalomant entre les écueils anecdotiques pour mieux restituer les courants de fond (héros emblématiques - belle place accordée au guitariste Charlie Christian -, éléments de contexte musical et sociétal) d’une musique savante et populaire à la fois.

Les encrages de l’illustrateur Louis Joss vibrent de pulsations musicales, donnant à voir, entre autres, les tâtonnements de l’improvisation par leur aspect faussement inachevé. Loin de se faire simplement écho, l’écriture et le dessin s’enlacent dans un ouvrage dansant, à la maquette somptueuse.
Saluons la place accordée à l’intense activité poétique qui accompagna la révolution bop (Kerouac et consorts).

Quant aux dernières pages, elles reviennent sur la « guerre du jazz » qui opposa les « figues moisies » (partisans du jazz trad, glissant dangereusement vers des propositions qu’on nommerait aujourd’hui « identitaires » pour ne pas dire racistes, Hugues Panassié en tête) et les « raisins aigres » (ces partisans narquois du jazz moderne, avec un Boris Vian comme héraut).

Un ouvrage à fort degré de musique rebelle et digne, à mettre entre toutes les oreilles !