Tiziano Tononi / Emanuele Parrini
The Many Moods Of Interaction
Tiziano Tononi (d, perc), Emanuele Parrini (vln).
Label / Distribution : Felmay
Tiziano Tononi et Emanuele Parrini collaborent depuis des années dans plusieurs formations avant-gardistes, de l’Italian Instabile Orchestra à Nexus en passant par le Brotherhood Creative Trance Music.
Rompu à l’improvisation radicale et à la recherche électroacoustique, le violoniste apparaît sur une multitude d’albums. Son disque en quintet Digging, paru en 2020, se caractérise par les interventions lumineuses de Taylor Ho Bynum au cornet. Le batteur, présent sur plus d’une centaine d’albums, est constamment sur la brèche depuis une quarantaine d’années, sa capacité à passer commodément des percussions à la batterie a fait de lui un musicien phare en Italie.
Avec The Many Moods Of Interaction, ces deux hommes explorent des paysages où la lumière succède aux brumes vaporeuses. Des hommages aux prisonniers politiques Leonard Peltier, militant amérindien, et Mumia Abu Jamal, membre des Black Panthers, imprègnent « Peaceful Warrior (The Opening) » et « Peaceful Warrior (Closing Time) ». Ces deux pièces voient se succéder une mélodie commune qui transite par des strates de percussions, révélant abruptement un violon mélancolique.
Deux compositions du violoniste soulignent des interactions originales : « No Title » converge vers un climat introspectif enrichit par des pizzicati et
« Victor », dédié à son fils, encense la vigueur. « Song For Romero » distille une éloquence accrue par l’emploi de petites percussions alors que « The Water Protectors » tend à s’amplifier naturellement, ses découpages rythmiques successifs amplifiant la spatialisation sonore. Trois séquences célèbrent l’improvisation mutuelle, « Five Sides (Green) », « Circle (Red) » et « Triangle (White/Yellow) » où l’ambiance post moderne, synonyme de liberté, se développe avec sagacité.
Un canevas mélodique se glisse en douceur dans The Many Moods Of Interaction, Tiziano Tononi et Emanuele Parrini s’approprient l’air d’Alan Stivell « Spered Hollvered » et le renouvellent somptueusement.
Cet album abouti trouve son inspiration dans les abstractions d’Ornette Coleman, les percussions et les cordes s’entrelacent progressivement jusqu’à leur indissociabilité.