Chronique

Arthurs Khroustaliov Sartorius

Hangkerum

Tom Arthurs (tp), Isambard Khroustaliov (électronique), Julian Sartorius (dm, perc)

Label / Distribution : Clean Feed

Ce trio helvético-britannique réalise un travail sur le son généré par des dispositifs électroniques extrêmement mobiles et par des instruments acoustiques abordés sous l’angle le plus large possible. Tenant le haut de la pyramide mélodique de ce triangle, l’Anglais Tom Arthurs (entendu il y a quelque temps en France, notamment dans le quartet sans batterie de Denis Badault H3B), fait valoir son sens de la mise en place et donne à entendre les sonorités riches de sa trompette. Tour à tour immédiat dans la créativité de lignes chantantes et décomplexé dans la manière de désarticuler cette pratique monodique, il ne se positionne pas, pour autant, comme un leader.

Bien au contraire, adepte de l’interactivité, il jongle d’une idée à l’autre avec un flegme tout britannique et une constance dans la capacité à toujours être juste dans le propos malgré les bouleversements permanents que ses partenaires lui font subir. Et en la matière, les combinaisons électroniques de son concitoyen Isambard Khroustaliov ne cessent de surprendre. Entrecroisant des propositions synthétiques, variées dans les textures et variables dans les interventions, il élargit les mouvements du trio par des effets de vitesse qui apportent un dynamisme réel à l’ensemble.

Proche en cela d’un Toma Gouband, par un set de batterie complété par des percussions naturelles, le Suisse Julian Sartorius, quant à lui, est le pendant acoustique du trompettiste. Subtil coloriste, voire rythmicien décalé, il borde les interventions de ses partenaires d’une pratique singulière et foisonnante. Elle donne beaucoup de chair à une musique réjouissante par son originalité et qui, sans être aride, ouvre sur des plages où tout semble pouvoir advenir, car l’espace qu’elle circonscrit est avant tout celui du jeu.