Chronique

Beats & Pieces Big Band

Good Days

Label / Distribution : Autoproduction

Il y a des arbres qui cachent des forêts. Et dans ces forêts, il y a des oiseaux qui chantent. Pas très loin des vagues d’orchestres anglais à la mode, avec une forte appétence pour la pop et les rythmiques musclées, il y a le Beats & Pieces de l’arrangeur et chef d’orchestre Ben Cottrell ; en proximité, mais surtout en pointe : si Cottrell a travaillé pour Snarky Puppy, force est de constater qu’un morceau comme « db » est bien plus aventureux. Quelques sons urbains en field recording en guise de mise en bouche, et des cuivres qui déboulent comme des bolides lancés à fond. Le morceau est court, il n’a pas besoin de plus. C’est un train qui file dans l’imaginaire d’un orchestre très soudé. On y retrouve Emily Burkhardt parmi les pupitres de saxophones, et l’excellent Finlay Panter à la batterie. Tout est malin et très structuré, à l’image de « Blues For Linu » qui met en valeur la trompette de Graham South et la guitare d’Anton Hunter ; Ben Cottrell a une expertise évidente de la dynamique d’orchestre et, s’il ne rechigne pas à aller à l’essentiel, il aime aussi s’amuser.

Ainsi, sur l’excellent « Woody » où se distinguent la basse de Stewart Wilson et surtout le trombone agile de Phil O’Malley, alors que la tension chute à mesure que le piano de Richard Jones s’enfonce dans les basses et que l’orchestre swingue gentiment, surgit un accord immédiatement reconnaissable, issu de Sgt Pepper, suivi de cloches d’église lointaines. Ce n’est ni plaqué, ni inattendu ; on baigne avec Cottrell dans une série de codes familiers et de clin d’œil. Quand, ici, le jazz de Manchester rend hommage au rock de Liverpool, c’est toute l’Angleterre qui s’y retrouve !

Good Days porte très bien son nom. Comme nous l’avions noté dans une précédente écoute, Beats & Pieces est efficace pour faire bouger les pieds (« op », le sommet de l’album dans son foisonnement). Mais l’orchestre a suffisamment de ressources pour ne pas se laisser enfermer. On le doit beaucoup ici aux claviers de Jones, mais l’introduction de sons du quotidien, captés par Cottrell (dont les fameux oiseaux de « Wait »), donne à Beats & Pieces une saveur et une poésie particulière. Membre de la fédération Grands Formats, il nous tarde d’entendre cet orchestre en live dans l’Hexagone.

par Franpi Barriaux // Publié le 30 avril 2023
P.-S. :

Ben Cottrell (dir), Anthony Brown, Emily Burkhardt, Oliver Dover (saxes), Simon Lodge, Rich McVeigh, Phil O’Malley (tb), Owen Bryce, Graham South, Nick Walters (tp), Anton Hunter (g), Richard Jones (cla), Stewart Wilson (b), Finlay Panter (dms)