Chronique

Le Mirifique Orchestra

Oh My Love Again

Label / Distribution : Yolk Records

Avec le Mirifique Orchestra, le sentiment d’un monde parallèle n’est jamais vraiment loin. Un monde où la chanson d’amour a pris le pouvoir, et où elle a trouvé le moyen de n’être ni trop sucrée, ni inutilement lacrymale. Voire avec une pointe acidulée qui est souvent la signature des Cubes d’Alban Darche. Pensé à deux entre le saxophoniste, qui signe la plupart des arrangements, et le corniste Emmanuel Bénèche, l’orchestre est d’abord un temple de la chanson. Bien entendu, on retrouve Loïs Le Van, qui avait fait sensation dans le premier album par une reprise de Barbara ; il continue ici par « Je t’aime », poème d’Eluard chanté en son temps par Yves Montand et que le petit orchestre aux vents dominants présente avec une mécanique subtile, où la foultitude de détails permet au piano familier de Nathalie Darche ou à la guitare d’Alexis Thérain d’investir un bien riche territoire.

Parmi les surprises de ce second album qui marche dans les pas du premier, on est heureux d’entendre la voix habitée de Neima Naouri sur « The End of a Love Affair », grand classique d’Edward Redding auquel le Mirifique Orchestra donne l’ampleur d’un film d’action, notamment grâce au travail de Nicolas Fageix à la clarinette entre autres soufflants. On retrouvera Naouri dans une belle interprétation de West Side Story (« Somewhere »), mais aussi Alice Lewis (« In My Solitude »). Avec tant de chanteurs invités, on pourrait imaginer qu’ils sont le moteur de l’orchestre. On pense notamment à Chloé Cailleton sur « La Paloma » ou une reprise fabuleuse de « My Man » de Maurice Yvain, que les Anglo-saxons adopteront par la suite ; ici, elle garde une teinte hexagonale, ou plutôt dans cet entre-deux totalement chimérique qui sied à merveille au Mirifique….

Mais « Strange Fruit », dont s’empare Alban Darche, prétend tout le contraire. Parfois la voix est suggérée. Elle n’a pas besoin d’être, elle appartient à ce même imaginaire. On l’entend sans qu’elle soit là ; l’amour est souvent affaire de suggestion. Le nouveau programme du Mirifique Orchestra a tout pour nous faire languir.

par Franpi Barriaux // Publié le 10 septembre 2023
P.-S. :

Adèle Charvet, Neïma Naouri, Loïs Le Van, Chloé Cailleton, Alice Lewis (voc), Alban Darche (as, ts, bs, arr), Chloé Tallet (fl), Nicolas Fargeix (cl, bcl), Emmanuel Bénèche, Pierre-Yves Le Masne (cor), Hervé Michelet (tp), Jean-Louis Pommier (tb), Matthias Quilbault (tu), Nathalie Darche (p), Alexis Thérain (g), Meivelyan Jacquot (dms)