Ils ont un peu plus de trente printemps d’écart, mais à l’écoute de la musique née de leur rencontre, tout se passe comme si, on ne sait trop comment, une force irrépressible les avait réunis. Chick Corea (un habitué des duos, avec Herbie Hancock, Friedrich Gulda ou Gary Burton), soixante-dix ans à lui tout seul, et Stefano Bollani, trente-huit à ce moment-là (lui a joué en « face à face » avec Martial Solal) ont été enregistrés dans le cadre de l’Umbria Jazz Festival fin 2010. Et il y a une sorte d’évidence dans les entrelacs de leurs rythmes et mélodies, leur gaieté, leurs couleurs chatoyantes, leur plaisir et leur désir de vivre.
On trouve sur Orvieto aussi bien une « Jitterbug Waltz » fort revisitée depuis Fats Waller que la fameuse « Armando’s Rhumba » de Corea, une « Valsa da Paula » signée Bollani, des reprises d’Antonio Carlos Jobim, « Nardis » de Miles Davis et quelques standards.
Hors deux « Improvisations », l’une qui ouvre cet enregistrement et l’autre qui y crée comme une césure centrale –, pièces plutôt abstraites et comme pensées, par trop réfléchies, peut-être, pour être improvisées –, tout ici respire le bonheur propre à la musique. Avec un enthousiasme qui brille dans chacune de ces plages aux reflets multicolores.