Chronique

Danilo Gallo Dark Dry Tears

Hide, Show Yourself

Danilo Gallo (b), Massimiliano Milesi (ts,cl), Francesco Bigoni (ts, cl), Jim Black (dms)

Label / Distribution : Parco Della Musica Records

L’air de rien, la musique de Danilo Gallo conjugue de nombreuses facettes, dans le contraste permanent du calme au cœur d’une tempête. L’ombre enrobe tout et se voit constamment traversée de rayons lumineux qui en soulignent la présence au lieu de l’effacer. Hide, Show Yourself ! est un disque qui cultive la rencontre des contraires, l’art du paradoxe, de l’ambiguïté, mariant les antipodes dans une union limpide, qui va de soi et nous laisse devant le fait accompli d’une évidente réussite.

Le bassiste a doté sa formation d’une colonne vertébrale en acier, par cette section rythmique qu’il partage avec Jim Black. Entre les deux personnages et leur jeu, le contraste opère déjà : une basse paisible, aux traits affirmés, se voit propulsée par les rythmes explosifs d’une batterie sèche et organique. Il ne reste plus à Massimiliano Milesi et Francesco Bigoni qu’à souffler dans les bronches pour que se mette en mouvement une créature sonore identifiable sous le nom de Dark Dry Tears mais pas tout à fait définissable.

Bien que la musique de Danilo Gallo soit profonde et porteuse d’une certaine mélancolie, elle ne caresse pas dans le sens du poil. Là encore, les mélodies les plus délicates sont parées d’un canevas improbable et déchiré. Subtilement punk, la musique bouscule et délivre, dans une certaine fulgurance, quelque chose de direct et de cru. Sur la deuxième partie du sublime « Short Memory », les solos de saxophones simultanés évoquent la musique de l’Éthiopien Mulatu Astatke, sur une composition que les New-yorkais dépressifs de Type O Negative auraient pu écrire sans se renier. C’est dire. Toujours solide mais jamais brutal, parfois inquiétant mais jamais sinistre, Hide, Show Yourself ! met en scène une force tranquille au cœur d’un disque tranquillement redoutable.