Jim & The Schrimps
Ain’t No Saint
Asger Nissen (as), Julius Gawlik (ts), Felix Henkelhausen (b), Jim Black (d)
Label / Distribution : Intakt Records
Tout démarre très vite avec un hommage à Baikida Carroll, le trompettiste vétéran de Saint-Louis. Avec le titre « The Set-Up », c’est la carrière d’un homme-clé dans le monde de la communauté du free jazz qui est mise en avant, mais également son investissement dans le Black Artists Group. Le quartet « Jim & The Schrimps » apparaît comme un des évènements musicaux à suivre, tant l’énergie déployée y est conséquente. Jim Black, batteur prolifique installé en Allemagne, intègre trois jeunes voix de la scène berlinoise à ce nouveau groupe qu’il dirige avec un grand enthousiasme.
Rapidement, on sent l’envie de jouer en étayant des échanges constructifs ; le mariage des saxophones alto et ténor produit des unissons intenses. Les douze compositions, toutes signées par Jim Black, laissent le champ libre aux membres du quartet. « Snaggs » permet à l’adrénaline de s’installer avec de puissantes évocations des saxophonistes. Les subtiles extensions du jeu polyrythmique de Jim Black s’imposent avec toute l’expérience de ce batteur dans la pièce « Asgingforit ». Jim Black n’est pas qu’un instrumentiste : un rôle déterminant est dévolu à la composition. Son bagage musical, acquis dans ses formations historiques comme « AlasNoAxis » ou « Yeah NO », démontre son désir de mettre en scène des musiques variées et énergiques. Un discours poétique peuple son univers créatif avec un sens de la repartie rythmiquement élaboré.
La construction de « Surely » fait naître un rythme hypnotique dans un climat dynamique ; une fois de plus, l’effervescence des saxophonistes se taille la part du lion. La musique y est dansante tout en étant empreinte de soufre. L’apport de Felix Henkelhausen à la contrebasse donne une assise toujours puissante à la musique, comme dans l’articulation mélodique de « Crashbag ». Ce contrebassiste a étudié avec Greg Cohen et a retenu la leçon qui consiste à se positionner comme un partenaire fiable sur lequel un batteur peut toujours s’appuyer.
« Jim & The Schrimps », qui véhicule une intensité jouissive, a réussi son décollage dans l’univers des formations inventives. Ain’t No Saint déroule des spirales créatrices en écho à la réalité d’un monde sans cesse en mouvement.